C'était gênant comme situation mais Kate qui se débattait et se frottait contre lui pour essayer de se soulever davantage, c'était pas évident. Et lorsque moi, je fis un geste que je trouvais ô combien déplacée, la jeune femme ne m'en tenait pas rigueur. Soit elle était dénuée d'émotions, soit elle se foutait de tout, soit ça lui déplaisait pas. Non, sérieux, comment je peux venir à l'une de ces trois hypothèses. Elle était peut être juste fataliste ou consciente que j'avais pas fait exprès. J'avais plutôt pas intérêt, sinon je pouvais vite retrouver un état de coma.

La position qu'il proposa par la suite était pire puisqu'il s'agissait véritablement d'une étreinte mais dans un aussi petit champ d'action, se contorsionner permettait de gagner quelques espaces qui permettait l'évolution de leurs bras, ce qui était obligatoire pour tenter quelque chose. Kate comprenait l'idée mais était sceptique quand à l'utilisation des matérias. Oui, c'était quitte ou double. Elle, elle préférait tenter de se tourner, pensant que la force de ses jambes permettrait de se dégager. Je veux bien mais. Faut voir, elle savait ce qu'elle faisait. Enfin, c'était l'impression qu'elle donnait.

-Euh, ok. Fais voir.

On utilisait donc les armes de chaque côté comme des étais, en utilisant le début de mon idée. Je... Je me souviens pas avoir été aussi proche d'une femme depuis bien longtemps. Et le parachute avec Jessie ne compte pas. C'était perturbant que Kate ne laissait aucune gêne transparaître. Mais en me concentrant sur ma tâche, je devrais réussir à faire abstraction de la situation. J'avais fermé les yeux pour mieux ressentir ce que je faisais dans la pénombre. Mais quand je rouvrais les yeux, je tombais face à face de ceux de Kate. Je disais et faisais rien, l'air bête. Vite, dis quelque chose.

- C'est bon, tu devrais pouvoir réussir à te tourner.

Maintenant que cela était fait, et à l'aide de mes propres jambes, je tentai de laisser le plus de manœuvre à la femme aux cheveux bleus. Je sais pas exactement comme elle comptait procéder mais quelque chose me dit que je ne devrais pas y penser. Il faisait chaud, ici, non ? C'était sans doute moins gênant de l'avoir dos contre torse mais j'avais ses cheveux sur le visage. Ils étaient doux et sentaient bon. Mais à quoi, je pense moi !?

Mais heureusement, je pus me focaliser sur autre chose, il me semblait entendre une voix à l'extérieur, et un miaulement. On a affaire à un chat de sauvetage ?

- Je crois que Jessie arrive.

J'étais soulagé, d'abord, car ça nous fait un pourcentage de survie bien accrue, surtout si ce chat arrive à la diriger vers nous, par je ne sais quel miracle. Et puis, je me voyais déjà railler par la situation avec Kate. J'en entendrai parler. Pour sûr.

Cette fille était pleine de ressources. Si je me voyais déjà dans un état similaire à celui du pilier, pensant finir mes jours en sa compagnie, elle, elle restait très calme, fourmillant presque d'idées pour s'en sortir. Je la laissais donc manoeuvre après avoir fait le nécessaire pour qu'elle puisse se retourner. Elle avait même posé sa tête sur mon torse alors que je plaçais les armes à la verticale. Euh. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Elle en profite ou je rêve ? Je savais pas trop, et je sentais que je paniquais. Elle allait le sentir, non ? Elle se redressait, peut être qu'elle s'était rendu compte de son geste mais non, elle me regardait.

Y'avait peut être pire comme mort. Quand on résignerait, on s'étreindrait et quand on ne pourrait plus respirer, nous endormirons l'un contre l'autre... Oulah, je débloque à fond, là ! Mais ce cas de figure pouvait se concrétiser puisque maintenant que Kate avait réussi à se tourner, elle n'arrivait pas à faire suffisamment bouger notre "pierre" tombale. Qu'elle trouve des idées à ses échecs en si peu de temps montre qu'un Soldat doit avoir une tête bien faite autant que le corps. Hum. Mais si c'est pour me proposer des solutions sans vraiment me demander mon avis et de prendre mes mains pour les placer sur ses hanches. Il fallait que je la soutienne. Euh oui ok. Je me concentre, on était pas digne d'un portée de Danse avec la Shinra mais je donnais le maximum de bras pour qu'elle puisse avoir suffisamment d'appui. Bien content de pas être filmé parce que je n'étais pas sûr du résultat artistique de la position.

Elle continuait de pousser avec ses pieds de toute ses forces. Mes bras tétanisaient sous l'impulsion qu'elle mettait. J'avais l'impression que mes coudes allaient rentrer dans le sol, sans parler de ma ceinture d'outils qui me massacrait les lombaires. La pierre bougea. Nous n'étions plus ensevelis mais j'étais hors de force. Ce qui me rassurait, c'est que cela fut le cas aussi de Kate. Elle n'était pas si inhumaine que ce qu'elle paraissait. Mais j'étais bien content qu'elle ne m'obligea pas à l'affronter. Seul, je n'avais clairement aucune chance.

Elle s'excusa de devoir s'accorder du repos mais au moins, ça ne montrait pas que j'étais à bout de forces aussi. Le fait qu'elle reste allongé reposant sur moi ne me dérangeait plus outre mesure. Nos efforts avaient porté ses fruits. Sauf...

- Eh bien, je me dépêche pour te rejoindre, je m'inquiète pour toi, et je te retrouve avec une fille dans les bras Tu ne perds pas de temps, Biggs !

Au plus mauvais moment, ma camarade de toujours nous prenait en flagrant délit d'inertie l'un contre l'autre. Et ce n'était jamais la dernière pour conclure hâtivement ce genre de bêtises. N'y croyant pas spécialement mais ne manquant pas de le souligner ouvertement. Mais je n'avais même pas le courage de trouver quelque chose à répliquer. Elle aurait pu arriver après, rien ne se serait su. Elle aurait pu arriver avant, et nous aurait épargné bien des misères. Je regardais Jessie ne sachant pas quoi répondre. Si je réponds une bêtise, comment le prendrait Kate, je voulais pas paraître pour ce genre de goujat qui prétendait des histoires pour se la raconter. Et si je réponds trop sérieusement, Jessie va vraiment se faire des idées.

- Il était temps que t'arrives. Kate, je te présente Jessie. Jessie, je te présente Kate.


Du Soldat. Mouais, peut être pas relancé ça sur le tapis. J'étais à des lieux d'imaginer que Jessie avait moins d'aversion catégorique sur les membres du SOLDAT.

- T'es sûr que ça va Kate ?

Mes bras tremblaient encore un peu sous le choc mais j'aurais pas dit non pour me relever, et cesser cette position gênante. Enfin, parce qu'il y'a Jessie quoi.

- T'inquiètes pas, crois moi, t'es moins lourde que certaines !

Mon regard noir envers Jessie devait lui faire comprendre qu'elle faisait fausse route et que la situation était déjà suffisamment inconvenante et gênante pour en rajouter. Et j'allais lui raconter la simple vérité pour qu'elle ne s'imagine pas plus d'histoires romantiques tirées d'un roman photo.

- On a trouvé du matos mais on s'est retrouvé coincé. Heureusement, Kate est un Soldat et est une force de la nature. Sinon, on serais resté sous les décombres, et j'ai pas franchement envie de prendre cette habitude.

J'avais vu la mine surprise quand Jessie scruta la tenue de la jeune femme. En notant qu'elle était Soldat, je l'informais que oui, je savais, et que ce n'était pas un problème pour nous. Mais sans savoir si c'était parce que je nous étais fait passer pour quelqu'un d'autre ou parce qu'elle connaissait la vérité mais qu'elle s'en fout. Jessie proposait un coup de main, je lui montrais les deux armes à nos côtés.

- Je veux bien que tu prennes ça. T'as pas de l'eau ou quelque chose ? Qu'elle puisse reprendre des forces ?

Kate s'était proposé que je la pousse mais je peux pas faire ça, c'est pas une vulgaire couverture, quoi. Non pas que la situation était aussi "confortable" et agréable qu'à l'abri sous du béton mais je pouvais pas la chasser. Elle nous avait quand même sauvé la vie, un peu de considération était naturelle. Le soleil était à son zénith, il était bientôt midi. On avait bien fait d'y aller en matinée, pensant que les rondes de la Shinra seraient moins fréquentes. Et j'avais des choses à faire dans l'après-midi, le soir un truc se tramait à la Tour Shinra, il fallait que je prépare mon infiltration. Et Jessie semblait avoir des trucs à faire de son côté.

- Dès qu'on peut se relever, on y va. Je pense pas que ce soit utile qu'on prenne davantage de risques. Kate, besoin qu'on t'aide à aller quelque part ? En évitant tes collègues si possible !

Entre mon matos et les matérias de Jessie, au moins, nous ne serions pas venus pour rien. A cela s'ajoute ces deux armes (on en fera ce qu'on peut) et la rencontre avec Kate, qui, est passée de néfaste à neutre bon, au fil des évènements. Je croyais vraiment qu'elle allait rien faire contre nous, et elle se proposait même de nous refiler un coup de main, à l'occasion. Je me demandais vraiment si on vivait dans le même monde. On avait la chance de ne pas être sur recherché, peut être parce qu'on nous croyait mort et que les fugitifs principaux étaient ceux de la Tour Shinra. Mais, de là à nous aider ouvertement, c'était assez "à contrepied" de ce que cela devrait être.

Après quelques instants de repos, le corps réussissait à se remettre des différents chocs et à permettre de se rétablir quelque peu. Kate réussit à se redresser, non sans mal et à se décaler sur le côté. De mon côté, c'était surtout les bras qui galéraient, je faisais signe à Jessie pour m'aider à me relever. J'avais besoin de bouger mes jambes comme quand on restait longtemps dans une position, à moto ou en voiture, par exemple. Et je ne pouvais pas tellement me servir de mes bras pour me hisser à quelque chose. Je voyais que Kate avait dû mal à reprendre usage de la partie inférieure de son corps, et je ne pouvais pas tellement la porter là. Et j'avais soif, extrêmement soif, la poussière sans doute. Kate voulait qu'on la laisse ici et qu'elle se débrouillerait. Je n'en doutais pas mais, non, ça se fait pas, c'est pas comme ça qu'on fait ici.

- Non, on va pas te laisser là. Et en même temps, j'imagine que t'as pas spécialement envie que de simples matons te trouvent dans cet état. S'ils se soucient pas de toi, alors laisse nous t'accompagner jusqu'au secteur 6. On sait par où passer et quand on sera sûr que c'est bon pour toi, on te laissera.

On allait devoir faire la manipulation plutôt tranquillement. Il fallait d'abord que Kate passe ses bras autour de mes épaules, puis un autour de Jessie. Une fois debout, je n'aurais pas besoin de forcer pour l'aider à avancer.

Notre nouvelle amie. Oui, Jessie mais Kate était une SOLDAT·E, il fallait pas trop s'attacher, nous n'étions pas dans le même camp, et rien ne dit que la prochaine fois que nous nous retrouverons, nous ne serons pas ennemis.

Est-ce que, parce que mon esprit s'assombrissait, le ciel prenait une teinte menaçante lui aussi ? Ou inversement. On avait oublier à force de vivre sous la plaque que lorsque le ciel était visible, il pouvait amener son lot d'intempéries. Et j'avais bien peur que cela annonce de la pluie prochaine.

Jessie venait d'annoncer qu'elle avait peut être une idée. Je n'avais pas fais de réelles statistiques mais cela n'augurait pas toujours du bon. Elle préconisait néanmoins de sortir de l'endroit avant toute autre chose et je ne pouvais qu'acquiescer. Et sans laisser Kate ici, on était pas inhumain non plus. Elle insistait pour qu'on ne se préoccupe pas trop pour elle mais c'était non négociable. Par contre, d'être certain qu'on ne puisse pas tomber sur d'autres débiles de la Shinra, c'était une bonne chose.

- T'es pas tellement en position de force pour qu'on en fasse pas à notre tête.

Par chance, un banc, ou du moins ce qu'il en restait ferait office de point de chute pour que l'on puisse l'installer. Et Jessie de plonger dans les yeux de la Soldate. Elle s'était trouvé une nouvelle passion pour les yeux Mako.

- Je pensais pas que les beaux yeux de Cloud te manquait tant que ça !

L'arroseur arrosé. Elle l'avait cherché avec ses regards suspicieux et pleins de sous entendus. J'avais bien remarqué que Jessie avait été intrigué par le beau blond mais qu'avec Tifa, la place était presque déjà prise même si c'était bien plus compliqué que cela. Et pouf, Jessie filait nous chercher de l'eau. Même pas le temps de lui dire de faire attention. Et puis après tout, j'aurais été assez mal placé pour prodiguer ce genre de conseils vu tous les péripéties dans lesquelles je m'étais embourbé.

Il ne restait donc plus que Kate et moi. Elle semblait vouloir nous remercier mais comme on dit.

- A croire qu'on est tous les trois à chercher d'aider les autres, hein ?

Et elle semblait enfin se rappeler de Cloud. Elle l'avait connue avant qu'il soit Soldat et l'avait revu après, mais dans des circonstances bien plus étranges.

- Oui, on parle bien du même. Celui qui fait tourner les têtes de toutes les filles. Comme quoi Midgar est pas si grand et qu'au final, tout le monde se connaît.

Quant à savoir si Cloud allait bien, c'est vrai que parfois, il semblait ailleurs. C'est peut être cette part de mystères qui faisait craquer les filles. Après, y'a une différence entre mystère et bizarrerie.

- Il avait quelques absences souvent. Mais Jessie l'a plus côtoyé que moi, à vrai dire. Mais quand il fixait le vide, il devait être très très loin. Après, c'est pas le mec le plus causant, quoi. Mais, on peut compter sur lui.

Enfin, je crois. Cette impression que tout s'était passé tellement vite. Et sans lui, on aurait pas fait le poids à tout l'armement que la Shinra avait déployé contre nous. On avait même croisé la route d'un autre Soldier. Encore une force de la nature et un sacré personnage celui-là avec sa moto.

J'avais senti une goutte, puis plusieurs autres. Et après ces éclaireurs liquides, d'autres de leurs consœurs continuait de pleuvoir mouillant le sol battu qui n'avait pas dû voir pareil boisson depuis belle lurette.

- Je crois que j'avais pas été sous la pluie depuis...

Mais aussi loin que je pouvais me souvenir, je ne savais plus quand c'était. Je regardais Kate. On devait être dans un sacré état et cette douche naturelle allait peut être arrangé un peu les choses. Oh mince. Fallait peut être pas que je nous laisse sous la pluie battante qui commençait à s'intensifier.

- Oh, laisse moi t'abriter.

Plus loin, je voyais un endroit relativement à l'abri et qui n'allait pas nous tomber dessus. Je préférais être méfiant maintenant. Mes bras allaient un peu mieux mais je ne sais pas si j'allais réussir à la porte jusque là bas. Je tentait quand même le coup. J'avais quelques notions de secourisme et abriter la victime était important car la température pouvait descendre rapidement en cas de traumatisme et d'inactivité. Moi, je pouvais marcher alors c'était pas un problème. Et puis, j'étais plus à un portage près. Je voulais user de la même méthode que précédemment avec Jessie mais alors qu'elle était debout, je la regardais, me rendant compte que la tâche n'allait pas être aussi simple. Nos deux visages commençaient à être trempés, tout comme nos cheveux. Mais les cheveux mouillés donnaient jours un air séduisant à une fille. Simple avis personnel.

- Je crois que j'ai surestimé mes forces. Tu te sentirais capable de monter sur mon dos ?

Cloud fragile ? Ca me paraissait assez difficile à imaginer. Sans doute que Tifa aurait pu affirmer ses propos, elle qui l'avait connu dans leur plus tendre enfance. Mais sur la partie où il avait un peu changé, j'avais l'impression que notre tenancière de bar préférée aurait rejoint cet avis. Sans doute, l'exposition au Mako ? Mais si je posais la question à Kate allait-elle me répondre pour de vrai ? On est jamais la première personne à se rendre compte quand nous changeons, non ?

Les nuages semblaient se manifester alors qu'on parlait de Cloud. Un signe ? Sans doute pas mais voilà qu'il pleuvait, précipitations qui s'intensifiaient au fur et à mesure. Ce n'était pas un phénomène très courant dans cette partie du globe, et je ne devais pas avoir été au dessus de la plaque, les dernières fois que ça s'était passé. C'était agréable de recevoir sur soi de l'eau qui n'était pas suspecté être impropre à la consommation ! Mais plus le volume d'eau augmentait plus je préconisais qu'on se mette à l'abri et d'aider Kate à se mouvoir.

Alors que mon plan initial tombait à l'eau. Je proposais à la belle Soldate de monter sur mon dos. Original, un peu déplacé mais on était plus à ça et physiquement, seule solution que je trouvais viable. Elle remit ses cheveux en arrière. Nom d'un mog, que la pluie pouvait rendre une femme encore plus jolie. Je fis monter Kate sur mon dos, tel un chocobo d'élevage et commençait à tanguer vers notre point de chute. Les premiers pas étaient déséquilibrés comme tout moment où notre centre d'inertie se trouvait changé.

Je sentais un changement de ton chez la femme aux cheveux bleus. De l'hésitation sur mon idée ? De la gêne ? C'était pas pire que tout ce qu'on venait de subir sous terre, non ? Mais il est vrai que de sentir son corps collé contre le mien était perturbant, par chance, l'adrénaline lié au portage m'évitait de penser à cela mais plutôt à chaque pas que je faisais. Je sentais le sol sous mes pieds changer de consistance. La terre battue allait bientôt devenir une bouillie aux endroits où la pluie ne pouvait s'écouler et se retrouver piégée. La quantité faisait que le sol ne pouvait pas tout "boire" tout de suite et le sol irrégulier faisait l'eau stagnée dans les endroits où la dénivellation naturelle était absente. Il fallait donc maintenant que je fasse attention d'éviter les quelques flaques qui commençait à se former.

- T'en fais pas. Ce sera jamais pire que ce qu'on a vécu avant, non ?

Elle serrait, plus que nécessaire, non ? Avait-elle peur de tomber ou était-ce par inconscience de sa propre force. Non, c'était fort mais maîtrisé, je crois. Il n'y avait plus que quelques mètres. Je sentais que j'étais trempée partout, mon bandana rouge serait à essorer, le devant de mon t-shirt aussi. Mes cuisses devenait plus dur à lever sous l'effet du poids de la pluie. Ca y'est je n'étais plus focalisé uniquement sur mes foulées. Et à travers le sol qui devenait trouble, je n'avais pas fait attention à cette pierre, à la fois irrégulière et glissante. Je manquai de tomber et mon changement d'appui dût surprendre ma cavalière qui glissait sur le côté. Je réussis à la rattraper avant qu'elle ne tombe par terre. Heureusement qu'elle cramponnait dur et qu'elle n'avait pas lâché. La voilà maintenant agrippé à moi mais face à moi. J'avais posé un genou à terre pour réceptionner la chute. Ses cheveux allaient tremper dans la bouillasse si je lâchais prise de quelques centimètres. Si c'était pas très commun de porter une fille sur mon dos, je l'avais déjà fait avec Marlène ou d'autres enfants, c'était une posture bien plus innocente que celle là.

- Je... Euh, désolé. Accroche toi, il reste qu'un ou deux mètres.

Un ou deux mètres, qu'on allait devoir faire coller serré, dans une position plus particulière. Là je la tenais avec mes deux mains dans le dos mais j'allais devoir la ramener vers moi. Son visage serait près du mien. Et où est-ce que j'allais devoir mettre les mains ? Ses cuisses ? Ou, à l'instar, d'un gros calin, passer ses bras autour de son dos. Soit c'est ça, soit on s'étalait par terre. Je n'étais pas sûr de ce qui était "pire", en fait.

Ce qui me rassurait, c'est que cette fois, je semblais ne pas être le seul à être gêné, et la rougeur de nos joues devait nous rendre un peu niais. Elle préfèrerait que je la laisse tomber dans la boue plutôt que de continuer. Oui, c'est sûr que de la terre mêlée à de la boue était peut être plus supportable que nos deux corps "mêlées". En tout cas, elle trouvait toujours le moyen de rire dans toutes les situations. C'était mignon.

Allez, c'était une question de quelques mètres. Je décidais de ne pas la laisser tomber, par fierté, parce que c'était pas dans mes habitudes sans doute. Il fallait que je me presse parce que plus nous restions statique, plus j'allais m'enfoncer dans cette vase mouvante, et je fatiguerais également. Tout ça pour de la pluie, à la base...

Même si Kate me serrait, avec plus de retenue, je me retrouvais à un dilemne, soit avancer et tenter de conserver mon équilibre précaire avec les bras. Beaucoup trop usant et demandant trop de force à Kate. Soit, je devais trouver un endroit où la maintenir contre moi. Son dos, pas très pratique, ses fesses, à proscrire. Pourquoi on se retrouvait dans de telles situations, sérieux ? Je décidais donc de la tenir par le haut de l'arrière de ses cuisses, c'est ce qui me semblait le moins pire, juste en dessous de son postérieur et plus pratique que le dos.

De ne pas avoir de meilleure prise, de ne pas être forcément très bien tenue par Kate, je luttais. Je m'étais mis en tête de l'amener à l'abri sans la laisser tomber, je m'évertuais à atteindre mon objectif à tout prix. Alors dès que je pus la déposer sur une dalle de béton, à l'endroit où l'abri commençait. J'allais pas pouvoir la remettre debout donc je m'enfonçai et m'agenouilla pour la déposer sur le dos. Le sol en béton était certes mouillé mais nous l'étions tout autant maintenant. Au moins, elle ne serait pas trop sali, et pourrait se relever facilement.

Le hic ? Je n'arrivais plus à redécoller mes genoux du sol meuble. J'étais donc figé mon bassin contre le sien, son dos contre le sol et moi qui essayait de me relever pour me hisser à côté d'elle. Ce que je réussis après quelques tentatives. Je m'asseyai à côté d'elle, le pantalon complétement détrempée et lourd de pluie et de boue. Il faudrait que je racle avec quelque chose pour limiter le poids lorsque je me relèverai. Mais d'abord, une pause.

- On est vraiment pas très doué, hein ?

Elle, elle était une "militaire" surentraînée, moi un activiste plutôt sportif. Aujourd'hui, on paraissait comme deux boulets. Et le faible vent faisait en sorte que la pluie arrivait encore à nous atteindre. Mais beaucoup moins. J'avais pas fait ça pour rien. Mais presque.

- Je suis désolé pour tout ça. Je veux dire... Enfin...


Aussi à l'aise à l'oral qu'à l'écrit, hein ? Je te jure...

Je sentais encore mon coeur battre la chamade, le pauvre, il était passé par plein d'état aujourd'hui. De la découverte du taudis et de l'anneau de Wedge, de l'effondrement entre Jessie et moi, de la rencontre mal engagée avec Kate, de notre captivité sous les ruines, et de ces scènes inconvenantes. Et nous n'étions qu'en milieu de journée. Mais ce qui l'apaisait le plus, c'était les rires de la demoiselle aux cheveux bleus qui, dans chaque situation, dédramatisait tout. C'est comme s'ils étaient capables de désamorcer la bombe d'inquiétude qu'était ma tension ou ma crainte de mourir sous terre.

Ne pas m'en faire, c'est pas grave. Rien ne semblait l'être avec elle. S'il suffisait de me dire ça pour pas que je m'en fasse, ça serait trop simple mais une part de moi, voulait la croire. Elle avait l'air aucunement affectée par ce qui venait se passer. Enfin, elle essayait d'essorer son pull, et je détournai vite le regard. Voir son ventre. Pas quelque chose de très osé, en vérité, surtout si on se baladait dans certain taudis ou au Wall Market. Mais, je pense que question intimité, on avait déjà dépassé quelques limites que j'essayai de restaurer comme je pouvais. La pluie faisait que les vêtements collait au corps, c'était désagréable mais il fallait bien le supporter, et à part, un pan de t-shirt que je pouvais alléger de quelques centilitres d'eau de pluie, je devrais faire avec jusqu'à notre destination finale. Nota bene, prévoir un imperméable, le prochaine fois, vraiment au cas où.

- De la chance, hein ?

Alors que je posais cette question rhétoriquement, un cylindre du toit qui s'était rempli d'eau roula et bascula pour se fixer à un autre endroit, à défaut de me l'être pris sur la tête, je me pris toute l'eau qu'il contenait.

- Il me semble bien que la chance m'a quitté depuis quelques jours, oui.

J'essayai de faire le point sur les dernières bonnes nouvelles de ces jours-ci mais hormis la survie de Jessie, ça faisait un peu maigre. Ou alors, c'est le karma qui s'équilibre ? En parlant de cette dernière, elle revenait avec les bras remplis de boisson. Plus besoin d'eau. Oui, j'en avais bien assez.

- Je pense que mon corps est constitué à 130 % d'eau maintenant. Du coup, maintenant qu'on est tranquille, regarde ma seconde trouvaille.

Cela m'était revenu à l'esprit en retraçant les évènements de ce matin. Je lui tendais délicatement, autant éviter une énième bévue, l'anneau que j'avais trouvé et qui appartenait à Wedge. Son bien le plus cher, autant sentimentalement que financièrement.  Je voulais pas tellement remettre Wedge sur le tapis mais j'étais content de ma trouvaille, rien que pour sa mémoire.

- Bon, et maintenant ? On fait quoi ? On construit un radeau ? On attend que ça se calme ? Comment vont tes cuis..jambes ?

Je me tournais vers Kate pour la dernière partie de ma question. Peut être était-ce là que nos chemins allaient se séparer ? Sans imaginer un seul instant que nous allions nous revoir très très très vite.

C'est un peu comme si le temps s'était arrêté. J'étais assis et buvait ma bouteille d'eau comme si c'était la meilleure boisson de ma vie. Je regardais la pluie, même si elle nous avait causé quelques désagréments, le spectacle était tellement rare qu'il était appréciable. Parfois, quand la vie va à toute allure comme c'était le cas pour Jessie et moi, en ce moment, le fait de se poser et d'être "spectateur" fait un effet assez bizarre. Mais on ne pouvait pas rester assis ici toute la journée même si nos corps devaient récupérer de toutes nos péripéties.

Je posais donc la question fatidique de ce que nous allions faire à court terme, et si les jambes de Kate permettaient de sortir d'ici. La pluie n'allait sûrement pas s'arrêter dans la minute. Et puis, trempé pour trempé. Kate semblait rassurante sur son état de forme mais Jessie en rajouta forcément une couche. Je lui lançai un regard noir mais fut rassuré que Kate ne pigea pas l'allusion. Ce à quoi, je décidai de ne rien répondre pour éviter qu'elle percute. Jessie semblait vouloir jouer les entremetteuses, un passe temps comme un autre.

La pluie battait toujours son plein. Alors que je sentais que je séchais un peu et que mon habit allait être moins un fardeau imbibé d'eau, je maudissais qu'on ne se soit pas préparé. Mais pour être honnête, nous n'avions pas ce genre de vêtements de pluie ou de protection dans nos gardes robes à Midgar. Le vent se levait quelque peu et faisait légèrement claquer une bâche sur le mur à côté de nous. Une idée me vint alors à l'esprit. Je la décoinçai et en tailladai trois morceaux presqu'égales.

- Faites un trou au centre et agrandissez le pour y passer votre tête. Ca protègera un peu.

Je tendais un morceau à chacune des demoiselles et perça un trou de la pointe de mon couteau. En l'agrandissant, je pus y glisser ma tête et cette bâche improviserait un poncho imperméable qui permettrait d'évoluer sous ce mauvais temps plus facilement. Je fis signe que j'étais prêt à repartir vers le barrage artificiel que l'effondrement avait causé pour que Kate et nous puissions repartir chacun chez soi.

- Maintenant qu'il a plu ici, vous pensez que la nature va reprendre ses droits ?

Après tout, difficile d'imaginer quelque chose pousser ici à l'époque de la plaque mais maintenant, peut être que la terre aura tout ce qu'il lui faut ? Même si ça ne changera pas ce paysage chaotique immédiatement. Content d'arriver à la fin de cette expédition.