C'est notre come-back, le retour sur le terrain. Est-ce que c'était de sortir dehors et de retourner sur le terrain ou juste de faire quelque chose d'illégal à l'encontre des règles de la Shinra ? En tout cas, l'adrénaline était là. Quand on avait annoncé à notre entourage proche qu'on avait prévu de s'y rendre, on nous avait prévenu de la présence de forces armées. Oui, pas louche du tout ça, c'était sûrement bien le genre à garder des ruines. Ca attisait donc davantage de curiosité de notre part. D'un autre côté, voir notre secteur de cœur en si mauvaise mine n'allait sûrement pas nous égayer, mention spéciale pour Jessie.

Nous connaissions notre premier trajet, il allait passer par le secteur 6, un accès souterrain sous un des agrès d'une aire de jeu allait permettre de se faufiler jusqu'à un tunnel évitant les accès classiques qui doivent certainement être gardés. Sur place, on improvisera mais on avait l'avantage de connaître un peu la topographie des lieux même si cela serait certainement méconnaissable.

Je restais sous le choc en arrivant. Je m'attendais à quelque chose d'impossible à imaginer, et c'était pire que ça. En même temps, pourquoi avais-je eu d'autre espoir que cela ? Y'a le ciel qui était tombé sur la tête de notre taudis. Et dire que l'opinion pensait que c'était nous qui puissions être derrière tout cela ! Jessie avait pas attendue pour monter sur un léger monticule de débris pour élargir son champ d'horizon. Je l'accueillais avec un regard noir qui voulait bien dire que ce genre d'acrobaties lui était proscrit normalement. C'était déjà pas raisonnable pour moi, mais moi ça comptait pas. Mais elle, elle devait encore faire gaffe et ça faisait partie de notre pacte.

- Pour que tu puisses faire d'autres conneries lorsque j'ai le dos tourné, je crois pas non. On est là pour récupérer du matos si c'est faisable, on prend aucun risque. S'ils ont posté des hommes aux accès pour éviter que les gens pénètrent sur le site, c'est normal. Mais on sait pas ce qu'ils ont en tête, alors il faut d'abord qu'on s'assure que la voie est libre. Je serais d'avis de chercher le Septième Ciel. Si on le trouve, alors j'ai bon espoir qu'on puisse s'orienter.

Notre QG, je pouvais le retrouver les yeux fermés depuis cet accès ou depuis mon logement. C'était même parfois utile si on faisait quelques excès de consommations chez Tifa. Les choses n'ont plus les mêmes places depuis l'effondrement mais si on trouve un ou deux repères, on saura trouver la logique du mouvement des débris et retrouver les quelques points d'intérêts, plutôt que de chercher au hasard.  

J'avais réfléchi à la manière de procéder pour réussir à se retrouver dans un environnement altéré par rapport à celui qu'on connaît. Se fier à quelques points d'intérêts et en déduire la nouvelle configuration. En mathématiques, il s'agissait de mouvements vectoriels ou quelque chose du genre. C'était une notion que j'avais lue dans un des livres de géométrie de l'orphelinat mais ce n'était pas le genre de cours que je dispensais. On faisait les bases. Classique.

Jessie était sûr d'elle pour retrouver notre ancien QG, elle avait déjà dû comprendre l'orientation globale du haut de sa tour de métal donc je la laissai faire. Et j'avais raison car le chemin emprunté devait être le plus direct jusqu'à notre destination. Le paysage était triste à voir. Jessie prenait la
mesure du décorum qui nous entourait.

- Il faut essayer de ne pas y penser...

Oui, les évènements avaient ramené nombre d'entre nous à la rivière de la vie. Des gens qui avaient péri mais pas nous. Mais il fallait se tourner vers ceux qui avaient survécu, la vie continue avec eux, et avec nous.

- Il faut déjà voir au plus près, voir si on est les premiers à avoir l'idée de s'approvisionner ou non. Si quelqu'un est déjà passé par ici, il faudra explorer plus profondément. Ou savoir où chercher. Je sais où se trouve les choses au QG de la milice, et il y'avait l'armurerie juste en dessous. En bordure du mur, peut être le plus simple à fouiller ? Le tout c'est de ne pas se perdre.

Deux chemins se dressaient face à nous. Le premier était moins direct que le second mais sans doute plus dégagé. L'autre allait repasser devant l'habitation de Jessie vers le QG. Pas question de se séparer.

- Je serai d'avis de passer par là mais pas de gestes brusques, ça m'a pas l'air hyper stable. Laisse, je passe devant, on verra bien.

Il fallait s'agenouiller un petit peu pour passer sous de gros arceaux de ferraille qui semble avoir plier pour former une voûte sous l'effet de la chaleur des flammes qui avaient balayé le quartier. Je me retournai pour voir si Jessie arriverait à se baisser suffisamment avec ses blessures.

- Ca va all... Merde, recule !

Mon épaule avait tapé dans la structure métallique et j'eus le réflexe de me précipiter vers l'autre côté. Une roulade plus loin et la fumée avait empli l'endroit.

- Jessie, tu m'entends ? Ca va pour moi. Faut que tu passes de l'autre côté ! Et pas de bêtises !

Et moi, qui cries, c'est pas très malin, si ? Bon, voyons voir ce qu'il y'a ici. Et, mais c'est quoi ce bruit....

Et bien, nous voilà dans de beaux draps. Pour un gars qui ne voulait pas se séparer, voilà que Jessie était en arrière et hors de vue. Non pas que je pensais Jessie incapable de se débrouiller en toute autonomie mais, d'une, nous n'étions peut être pas tout seul ici, de deux, si nous faisions une mauvaise découverte, nous serions là l'un l'autre pour nous épauler mentalement. On ne savait jamais; un souvenir, le cadavre d'une ex...

J'étais celui qui avait le moins de chemin pour arriver à notre point de rendez-vous, le QG de la Milice, effectivement, Jessie avait raison, il fallait espérer que personne avait prévu de s'armer là bas. Sauf si c'était des compagnons anti-Shinra bien sûr ! Bon, il fallait pas traîner à proximité, il n'y avait rien d'intéressant et surtout, les environs pourraient décider de suivre l'exemple du passage emprunté précédemment. Un effet domino (le jouet, pas le maire) qui ne serait pas à mon avantage.

Je reconnaissais presque les lieux, je savais que je devais me situer dans la partie sud-est, et qu'en suivant les travées artificielles, je devrais ne pas me perdre. Je continuai donc mon chemin sans penser un seul instant que j'avais déjà été repéré. Il faut dire que vu le boucan, cela semblait assez logique, en fait. Mais je ne sais pas pourquoi je n'avais pas vu le truc venir ou que je n'étais pas davantage sur la défensive. J'étais sûrement obnubilé par le décorum assez étrange dans lequel je me situais. Je reconnaissais certains pans de mon quartier, et en même temps, tout était méconnaissable.

Je commençai à fureter et à chiner si je voyais quelque chose d'intéressant, vu qu'on était que deux, autant ne pas s'embarrasser de trop de matériaux brut pour le moment, des choses bien spécifiques, c'était ce que l'on ciblait.

Et là, mon regard fixait une boîte, je la reconnaissais, c'était la boîte à bijoux que Wedge avait reçu de sa mère. Elle n'était plus en bon état, et la réparer serait très compliqué, il s'agit d'un savoir faire assez spécifique. J'essayai de la prendre délicatement pour en extirper le contenu sans abîmer davantage l'étui. Un anneau brillant tombait à terre. L'alliance de sa mère. Je la contemplai quelques instants, agenouillés. Si c'était pas le plus grand des hasards que je tombe dessus, là, maintenant.

Et j'étais tellement concentré, que j'étais bien trop vulnérable pour un éventuel assaillant.

Je ne pouvais pas détacher mon regard de cet anneau. Il était si PRECIEUX pour mon ex-camarade. Quel symbole du destin de tomber dessus à ce moment là. Et je le voyais rouler sur la pente naturelle du sol du taudis. Il n'allait pas tarder à arrêter sa course folle, et alors que je restais accroupi pour le suivre du regard, je dus avoir un air bête lorsque je vis des doigts s'en emparer. Je remontais mon regard en même temps que l'anneau remontait dans la main de celle qui venait de s'en accaparer. Elle le regarda puis me le tendit, en me conseillant d'y faire attention. Merci, j'y avais pas pensé...

Je m'attardais un peu en découvrant cette femme, certainement un peu plus jeune que moi; quoique. Ses cheveux et ses yeux bleus n'étaient pas monnaie courante et pour sûr, elle ne devait pas passer inaperçu. Enfin pas que pour ça, elle était très belle, je crois. En tout cas, je l'aurais déjà remarqué si elle faisait partie de notre voisinage. Non, elle ne me disait rien.

- Merci. J'y tiens.

Je ne me serais pas attardé sur un autre bijou même si on pouvait souvent en vendre pour un petit pécule au secteur 6. Enfin, que ne pouvait-on pas vendre là bas, après tout ?

Mais elle, que faisait-elle et surtout qui était-elle. Je déglutis lorsque je vis le symbole de l'entreprise qui ornait son uniforme. Je ne m'étais pas attardé là dessus sur le coup. Okay, je crois que là, j'étais pas en bonne posture. Fallait-il fuir ? Je ne suis pas sûr que je puisse rivaliser dans mon état, et encore moins avec ce qui pourrait être un Soldat. A moins que ce soit un faux pour pouvoir infiltrer les lieux. Non, l'assurance qu'elle dégageait semblait dire qu'elle ne faisait rien d'illégal. Ou alors, respect sur le self-control. J'attendais qu'elle me mette en état d'arrestation, ou je ne sais quoi. Mais à la place, je me fis doucement sermonner sur le péril que je courais.

C'est vrai que je n'avais pas été très prudent et comme si c'était Tifa ou Jessie qui me grondait, je me frottais l'arrière de la tête pour montrer que j'avais compris la leçon.

- Oui, désolé, erreur d'appréciation. Mais je m'attendais pas à trouver quelqu'un ici, à vrai dire.

C'est ça, feins l'innocence, si on te dit quelque chose, il faudra faire semblant que tu ne savais pas que c'était interdit. Elle a l'air compréhensible. Et Jessie ? Si la Shinra était là, j'espère qu'elle ferait pas le même genre de rencontre que moi. De toute façon, moi, avec l'éboulement, j'étais dans un cul de sac. Je mettais donc l'anneau soigneusement dans ma poche en me relevant.

- Il appartenait à un ami. Je suis content de l'avoir trouvé.

J'espère qu'elle n'allait pas me raccompagner à la sortie. Sans Jessie. Et pour la suite, je n'ai pas réfléchi, j'aurais pu faire la pire bêtise de ma vie mais, mon corps a simplement réagi de lui même. Instinct de survie ? Réflexe ?

Je sortais mon arme à feu et tirai trois coups. Le corps tombait aussitôt.

- Je suis désolé, j'ai dû vous faire peur. Mais ce monstre fonçait sur nous et...

Ce genre de monstre mutant était légion de l'autre côté de la barrière, et cela n'était pas étonnant qu'on en trouve dans les décombres maintenant. J'espère qu'elle a pas cru que j'allais lui tirer dessus parce que sinon, me voilà dans de beaux draps... Et maintenant, des coups de feux, j'étais pas le roi de la discrétion aujourd'hui !

Mais quelle erreur ! Si je n'avais pas tiré, il y'aurait eu deux possibilités. Que le soldat se défende lui même, gagne son duel et ne me suspecte pas plus. Ou que le monstre blesse le soldat, ce qui m'eusse donné une échappatoire. Un échappatoire ? Bref, peu importe !

Le dialogue innocent et presque chaleureux changea du tout au tout. Effectivement, ma dextérité à l'arme de poing (sans vouloir me vanter) était plutôt louche. Et la question qui allait avec l'était tout autant.

- Parce que je sais manier des armes ? Je faisais partie de la milice du secteur 7. Et non, je ne travaille pas pour Avalanche.

J'avais lu quelque part que si on disait la vérité ou le mensonge, une personne expérimentée pouvait le déceler. Votre corps lui sait si c'est vrai ou non, et peut le retranscrire. Mais si vous jouez sur les mots pour avoir raison, votre corps est sensé être facile à duper. En réalité, je ne travaillais pas pour Avalanche. Terroriste, c'est pas vraiment un métier. Donc, techniquement, je ne bossais pas pour eux, puisque je n'étais pas rémunéré. Et puis, on était pas tellement Avalanche. Bon, en terme de vérité, j'étais là. En terme d'honnêteté, un peu moins. En en restant là, j'avais l'impression d'être dans les clous mais j'avais tout faux aujourd'hui.

- J'ai eu des liens avec Avalanche mais je n'ai rien à voir avec ce dont ils ont été accusés sauf pour le premier réacteur. Et j'ai eu des remords, crois-moi.

Ce qui est, une fois de plus, techniquement juste. La chute du pilier, c'était pas nous. Le réacteur 5, j'y étais pas vraiment. La tour, je dormais. Pour le premier réacteur, on avait tous des remords, Jessie en premier, j'ai jamais dit que ça m'avait changé d'avis, voilà tout !

- Et puis merde, je sais comment ça va se passer donc tenez voilà mes poignets. A part si on est un ange, tout le monde dans les taudis vous gêne. Vous avez un bon motif pour m'arrêter donc faites vous plaisir.

Pourquoi étais-je incapable de lui mentir à elle ? Parce qu'elle me fait peur ? Ou parce que l'inverse ? Survivre pour se faire chopper à la première sortie, c'était pas du gagnant gagnant.

Vous avez ce genre d'évidences dans la vie, qui, parfois, n'en sont pas. Si je voyais les ennuis arriver de sitôt, et que je me voyais croupir des jours moins meilleurs à l'ombre, la jeune femme s'amusait de ma reddition. Quand je pensais à me faire passer les menottes, je pensais à aucun jeu coquin. Ils embauchaient vraiment des gens "différents" à la Shinra. Limite, elle se réjouissait de m'être tombé dessus et que je l'informe de ce qu'il s'est passé. C'est pas parce que je ne représente pas une menace pour elle, et tant mieux, quoiqu'un tantinet vexant peut être, que j'allais faire copain copine avec elle.

- On peut pas vraiment dire que Midgar était la place où être, ces derniers jours.

Et plein de ces gens qui avaient perdu la vie auraient sans doute préféré être "en mission" ailleurs. Je restais sur la défensive malgré tout. C'était sans doute un piège pour me faire avouer des trucs. Elle avait vraiment l'air sympa mais moi je n'étais pas, vous savez les mecs qui arrivent à tout capter ce que vous avez dans le cerveau. Un menthe à l'eau ? Un truc du genre.

Mais au moins, elle avait raison sur un point, ne pas rester ici. Entre les monstres attirés par le bruit et l'instabilité des lieux, avancer serait la meilleure chose. Mais fallait pas croire que j'allais réussir à trouver une sortie de secours facilement. Si je me mettais à détaler, elle aurait vite fait de gagner une course d'obstacle contre moi.

- Oui, je n'ai plus rien à faire ici. Je cherche du matos pour monter un business de réparation.

Peut être que cet info montrerait ma bonne foi sur ma distance avec Avalanche pour le moment. Elle s'appelait Kate, déjà ce nom me disait rien. Mais je me gardais bien de dévoiler mon identité, ça ne serait pas très malin. Par contre, que je lui raconte la vraie version de ce qui s'était passé, ça, je ne m'en priverais pas.

- Bon, tu veux que je sois franc donc. Okay, après tu me crois, tu me crois pas, tant pis. Sache que l'effondrement du pilier, c'est pas Avalanche mais la vôtre. Enfin, plutôt les Turks. J'imagine qu'ils voulaient plus entendre parler du taudis du secteur 7 ou rendre notre cause impopulaire.

J'étais plutôt direct, après tout, je me faisais pas trop d'illusions, elle ne croirait pas un traître mot de ce que j'allais dire.  

Quelle force de la nature. Je veux dire pas que physiquement où elle a l'air de pouvoir partir en sprint sur 600 mètres sans aucun soucis là où je risquerai de me claquer. Mais elle était d'un calme presque glaçant. Peut être n'était-ce qu'une façade mais sacré façade. Je la grimperai pas en vélo. Elle donnait son avis sur notre future PME et tapait la causette sur les taudis sans que le fossé entre nos deux causes ne posent de soucis. On avait déjà cru voir un sacré cas avec le Soldat sur sa bécane mais, apparemment, c'est un peu une marque de fabrique. L'exposition à la Mako, ça doit pas vous arranger là haut...

Alors, j'essayai de la déstabiliser, normal, en crachant le plus gros cliffhanger qui pouvait être pour elle, la tour c'était la Shinra. Ca aura, au moins, eu le mérite de la rentre un peu plus pensive mais soit, elle était ouvertement au courant, ce dont je doutais, soit elle avait plus de neutralité et de discernement que ce que je m'étais donné comme a priori sur elle. Et de deviner que j'y étais.

- Oui, on a essayé de les empêcher d'accéder au sommet mais je te caches pas qu'on a pas fait le poids. J'aurais dû mourir aussi mais je suis là, toujours vivant, toujours debout, j'suis retapé, remis sur pied.

Elle s'asseyait pour remettre de l'ordre dans ces révélations. Puis, je compris. Elle disait venir d'ici quand elle était petite. La misère des gens, les difficultés, l'incompréhension. Il faut l'avoir vécu pour la comprendre, et ce fut le cas pour elle aussi. Je devenais forcément moins méfiant, plus j'apprenais à connaître et à comprendre le personnage.

- Biggs. C'est comme ça que tout le monde m'appelle. Et si t'avais à m'amener au poste de garde, je préférais clairement que tu m'achèves avant ! Mais je comprends pas, t'es SOLDAT, c'est ça ? Pourquoi ?

Qu'est-ce qui peut donner la motivation à quelqu'un des taudis de servir ceux qui créent l'injustice ? Si elle me répond pour l'argent, autant devenir mercenaire. Quand on vient de l'extérieur, je comprends que la propagande prenne, c'est ce que Tifa nous avait raconté, d'ailleurs. Cloud pensait rejoindre le SOLDAT pour la protéger, c'était une promesse qu'il s'était faite. Mais quand on vit à Midgar, on sait que c'est pas eux qui nous protègent !   

Son histoire semblait sincère. Devenir Soldat pour devenir plus forte, mais à quel prix ? Il fallait pas être bien dans sa peau pour accepter une telle offre ? Tu vas bosser pour des tortionnaires, en échange, on va polluer ton corps mais cool, tu seras trop forte, tu vas pouvoir massacrer des innocents.

- Je lisais souvent un conte aux enfants. Il parlait d'un héros qui voulait être le meilleur épéiste du monde alors il le parcourait pour s'entraîner et défier les meilleurs dans leur discipline. Mais un jour, il tomba sur un vieil homme. Il était connu comme celui le meilleur épéiste qu'avait connu la planète. Mais le vieux refusait de se battre contre lui parce que ce qui fait un grand guerrier, ce n'était pas comment on maniait sa lame mais la raison pour laquelle on l'utilisait. Je ne veux pas te faire la morale mais mon avis, c'est que je sais ce que ça fait que de prendre la vie d'innocents. Je ne suis pas pardonnable mais en connaissance de causes, je préfère ne pas savoir me défendre que d'avoir du sang sur les mains. Peut être que si j'ai survécu, c'est justement une punition pour que je vive encore avec du remord et des regrets.

Oui, j'avais sans doute casser un peu l'ambiance, elle qui prenait les choses avec beaucoup de légèreté, parlant de son frère et de son ascension à son poste. Pour autant, elle bossait pour la Shinra mais semblait se détacher de leurs affaires. Est-ce que ça excuse tout pour autant, ça veut quand même dire qu'elle accepte de faire partie d'un système horrible, non ?

On avait là deux positions compliqués à opposer. Vaut mieux fermer les yeux et faire partie d'un tout qui n'est pas juste. Ou de s'y opposer en faisant des choses qui ne l'étaient pas davantage ?

- Allons au QG de la milice, si tu acceptes, on trouvera ce qu'il nous faut là bas. J'ai une amie qui est venue avec moi, je préfère qu'elle soit avec nous qu'avec tes collègues. De mémoire, ils ne sont pas tous comme toi.  

Oui, je défendais ma paroisse alors qu'on taillait un bout de gras à l'abri de tous regards. Je discutais avec une SOLDATE, c'était pas quelque chose que je me serais imaginé ce matin. Et ça tournait sur la philosophie du camp que nous avions choisi.

- En partant du postulat que tu as vécu dans les taudis, tu as bien dû voir que rien que sur ce point, la Shinra ne fait rien pour nous, non ? Que le point de vue environnemental ne te préoccupe pas plus que ça, soit, je le comprends. Difficile de parler de la nature quand on vit ici mais regarde cette ville.

Mais son argument suivant allait suffire à lui même et m'en dire plus sur les véritables intentions de la jeune femme. C'était un boulot alimentaire en soi, pas idéologique. Soit mais...

- Je comprends ta manière de penser. Perso, je préfère être en adéquation avec mes principes, aider les autres dans leur vie et nous assurer un meilleur futur quitte à avoir du mal à joindre les deux bouts. Mais je peux comprendre que s'assurer de ne manquer de rien pour ensuite pouvoir vivre ta vie selon ta convenance est un autre chemin. Après tout, tu ne m'arrêtes pas donc c'est bien que tu as une certaine liberté de penser, je présume.

Je pouvais avoir l'air d'être une grande gueule et me lancer dans des tirades pareilles. Mais c'était peut être moi que je cherchais à convaincre avant tout. A convaincre que nos actions passées peuvent être légitimes. A me persuader que j'avais raison de vouloir continuer le combat plutôt que de se lancer dans une vie plus posée avec un stand de réparation. Et puis, Kate devait se demander ce que j'avais fait pour pouvoir me targuer d'aider les autres mais je ne voulais pas trop avancer la question de l'orphelinat. Déjà, je ne cherche pas à me vanter de cela. Et je ne voulais pas d'une éventuelle retombée sur les enfants, de quelque façon que ce soit. C'était ma seule façon de les aider correctement maintenant. Et d'essayer de leur inculquer l'altruisme. 

Je sentais que Kate voulait changer de cette conversation dont le terreau devenait stérile. Je l'avertissais pour Jessie et je fus rassuré de savoir qu'elle ne ferait pas de mauvaises rencontres. Du moins humaines avec un logo précis sur leur uniforme. On reprit donc la route et Kate de me demander ce que je comptais y trouver.

- Si pillage il y'a eu, j'ai bien peur que les armes en étaient la cible, sinon, il peut en rester. Si ta question est, est-ce que c'est mon objectif alors non. J'ai mon matos de réparation qui était resté là bas. Mais si y'a des armes, je les embarque. Ou toi, je m'en fiche. Du moment, qu'elles ne tombent pas entre de mauvaises mains.

On continuai notre route. Je commençais à me dire que malgré ma rencontre fortuite, j'étais rassuré d'être aussi bien escorté. Ca faisait cet effet là quand Cloud nous accompagnait.

- Tu dois me trouver dur, je suis désolé. Merci pour le coup de main, en tout cas.

Nos points de vue étaient incompatibles et Kate semblait vouloir cesser la confrontation de ceux-ci. Soit. C'était pourtant rare que je voulais avoir le dernier mot mais, peut être, pensais-je vouloir la ramener dans mon camp car elle suscitait de l'intérêt pour moi ? Quand je parle d'intérêt, c'est à dire, pas borné par une idéologie, et certainement très doué pour le combat. Elle avait beau être magnifique, enfin, bref...

On arrivait sur place, et pas de traces de Jessie. Le bâtiment en face de nous, si le nom de bâtiment était encore utilisable, il fallait bien l'avoir connu pour avoir une chance de le reconnaître.

- Elle est obligée de faire tout le tour et la connaissant, elle a sûrement dû trouver quelque chose digne d'intérêt. Mais c'est un coup à aller la chercher et qu'elle reparte en me voyant pas ici si on prend pas le même chemin. Autant commencer à fouiller.

Effectivement, le rez de chaussée qui abritait l'armurerie, et le magasin qui allait de concert, était complétement sans dessus dessous. L'avantage, c'est que si nous ne pouvions y accéder, alors personne pourrait.

- Il faudrait une grue, et y'a que vous qui puissiez faire intervenir ce genre de machines donc, j'imagine que les armes sont en sécurité. Par contre, je pense qu'on peut passer par là.

J'étais pas ingénieur en bâtiment mais pour moi, l'ouverture était suffisamment exploitable pour y pénétrer. J'attendais pas l'aval de Kate puisque je voulais récupérer mes outils et une autre surprise. Si elle me suivait, je pourrais lui montrer des armes sorties de ce casier, mes bijoux. Elle aurait peut être grimacé en voyant ces fusils d'assauts mais je les avais modifié pour les usages du coin.

- Pas de risques, je les ai modifié, elles sont non létales mais particulièrement efficaces contre les Dynneglauh puisqu'elles sont associés à des matérias de Rafale. Elles sont beaucoup moins véloces, une fois touchées.

Voilà le genre d'étendue de bidouilles dont j'étais capable, et non néfaste à l'Humanité.

J'étais content d'avoir de si bons compliments sur ces armes modifiés. J'avais bien fait quelques autres modifications, l'arme que je portais sur moi en faisait partie. C'était souvent de la réparation ou l'ajout de pièces favorisant la visée ou réduisant le recul. Je faisais pas dans le sensationnel ou le dévastateur, uniquement dans la certitude que l'usage puisse se faire dans les meilleures conditions. J'ai déjà vu des petits malins essayer des trucs qui pouvaient leur exploser à la tronche. Pas l'idéal. Mais c'était souvent les outils qui faisaient la différence, et ce qu'on en faisait. J'accrochais donc la ceinture d'outils à ma taille. Pratique et peu encombrant.

- J'étais venu chercher ça surtout. J'ai jamais trop vu de membres du Soldier avec des armes feu, je crois. Même ces turks se battaient au corps à corps. C'est assez bizarre quand on y pense. Mais je pensais que vous utilisiez des matérias. Cloud en utilisait lui.

Je ne l'avais pas encore mentionner mais l'inattention pris le dessus. Après tout, j'imagine que s'il y'avait un membre d'Avalanche de la tour qu'ils avaient réussi à reconnaître, ce serait lui. Après tout, des anciens Soldats, il devait pas y en avoir des tonnes.

- Et non, je n'ai rien de plus en stock là. Une bonne partie de notre stock de matérias ou de matos sont soient partis en fumée, ou ont été utilisés.

Dans l'armurerie, en dessous de nous, là, je dis pas. Je m'apprêtais à nous faire ressortir quand dans la lueur de notre entrée improvisée, un bruit se fit entendre. Un chat, pas sauvage pour trois gils, qui semblait content de voir du monde. S'il n'était pas farouche, c'est qu'il devait être un de ces chats domestiqués par Wedge. Tellement content qu'il se frottait au mur en guise de plaisir social et, non !

Le chat sursauta lorsqu'il vit bouger un ensemble de pierres. Au moins, lui s'en serait sorti mais nous, notre issue était bouché. Nous voilà dans 2 mètres carrés, coincés sous des roches. J'allumais une lampe torche mais je voyais que l'endroit s'affaissait encore un peu.

-Oh fais attention, au dessus de ta tête.

Bah voilà bien notre veine. Coincée ici. Allait-on manquer d'eau, d'air ou de nourriture en premier ?

Elle ne connaissait pas Cloud ? Soit le timing était mauvais, soit je... Je ne cherchais pas à comprendre plus que cela puisqu'un invité surprise avait décider de se manifester. Un peu tard pour un comité de bienvenue. Et là, ce fut le drame… Notre sortie qui se refermait, j'empressais de trouver un moyen d'y voir plus clair. Par chance, le reste avait tenu et n'avait pas provoqué de nuage de poussières. Sinon, on aurait pas pu tenir longtemps sans oxygène respirable.

On regardait de chaque côté. Une fois qu'on s'était assuré qu'il n'y avait pas de danger direct, je pris mon téléphone pour prévenir Jessie. J'avais pas survécu à la chute du pilier pour mourir bêtement comme ça. Et mon imprudence d'emmener Kate avec moi. Quel loser. On allait mourir là dedans. Mais Kate semblait pas de cet avis et voulait se frayer un nouveau chemin.

- Tu préfères pas qu'on y réfléchisse.

Mais non, elle avait vite fait son choix, je pense qu'elle avait essayer de voir plusieurs moyens dans sa tête mais elle se résolut vite à employer la force.

- Attends, tu penses à qu...

Ne me laissant pas finir ma phrase, elle s'employa à mettre un coup de pied, qui m'aurait coupé la respiration pendant plusieurs minutes s'il m'était destiné, à un morceau de mur. Cela créa une brèche dans laquelle elle me propulsa avec le matos. Mais qu'est-ce qu'elle fout. Son plan ne devait pas se passer comme prévu, j'avais plus l'impression que tout allait lâcher et nous ensevelir vivant. Elle voulait pas d'une mort lente mais voulait la précipiter. Et bah merci de prévenir... Je fermais les yeux alors que mon dos heurtait assez durement le sol. Puis, plus rien.

Je sentais une chaleur contre moi. J'étais mort et dans la rivière de la vie cette fois-ci ? Non, je ne voyais rien quand j'ouvrais les yeux mais, au fur et à mesure, que mes pupilles s'habituaient à l'obscurité, je venais à comprendre que c'était Kate qui était au dessus de moi et qui m'écrasait. Enfin, c'était plus agréable que si c'était un contact direct avec le béton armé. Mais la chaleur devenait encore plus grande car maintenant, le cerveau faisait des siennes de la voir ainsi coller à lui. Surtout que la position accidentelle était plutôt explicite, elle à califourchon sur lui, tous deux allongés. Heureusement que je faisais attention à mon hygiène bucco dentaire car nos souffles se mêlaient.

- Heu, je pense pas que ce soit vraiment toi qui sois lourde. Attends, déjà, laisse moi bouger ça.

J'avais un peu de latitude pour pouvoir bouger mon coude et je vins attraper la seule chose qui était entre nous. Une des deux armes de fortune. Il ne fallait pas qu'elle s'inquiète, j'allais juste enlever cette chose dure et inconfortable entre nous deux. Mais je ne sentais pas bien ce que je faisais et après avoir attraper la crosse, je tentait de dégager la pointe du fusil, et d'un mouvement de main malheureux, venait à toucher sa poitrine.

- Oh, je, euh, désolé.

Après tout, pourquoi ? Non, j'allais mourir ici mais je voudrais pas que la dernière chose que je fais de ma vie soit d'en profiter de manière perverse. Impossible. L'avantage c'est qu'elle n'était pas en mesure de me frapper. D'ailleurs, oui, le soucis c'était ses bras, elle n'avait pas d'appui.

- J'ai peut être une idée, je ne sais pas si ça va marcher. Si je redresse la nuque, tu pourras peut être dégager tes bras et les passer autour de moi pour te donner de la force. On pousse, en même temps, et pendant qu'on tient, je place les deux armes. En tirant en même temps, avec la puissance des matérias de vent, peut être que cela nous permettrait au moins de créer un mouvement. Quitte à mourir ici, autant qu'on tente un truc fou, non ?