Quand on a la tempérament d’une commère, on finit tôt ou tard par se retrouver dans des situations gênantes ; autant pour nous que pour les autres d’ailleurs. Kunsel le savait et pourtant ça ne l’empêchait pas de continuer malgré tout. Le frais SOLDAT de première classe qu’il était maintenant essayait d’épier une conversation douteuse entre deux de ses collègues moins gradés.

Le problème, c’est que ces derniers n’étaient pas repassés devant leurs casiers, comme Kunsel l’avait prévu au départ, mais derrière ces derniers. Il n’avait aucune excuse, aucun alibi s’il se faisait choper. Et il n’avait pas envie de se faire choper justement. Il fallait qu’il se planque quelque part et c’est là que je sacro-saint placard à balais des vestiaires des hommes est apparu comme par miracle. Ni une ni deux, Kunsel se précipita vers la porte, tira la poignée et sauta presque à l’intérieur comme si ledit placard pouvait l’emmener vers un autre monde magnifique.
Sauf que non.

Car il se propulsa de tout son poids – armure comprise – te compris rapidement qu’ici, il n’y avait pas que des balais. Ah, merde, il y avait déjà quelqu’un ici ? Oopsie. Bon, peut-être que s’il expliquait les choses ça passerait crème ? Il fallait tenter. Il n’avait plus le choix, maintenant. Alors, attrapant son PHS pour utiliser la fonction lumière, il tâcha de voir à qui il avait affaire. « Ah désolé, désolé j’ai pas fait exprès de… » et… « Ah. C’est toi. »

Reno.
Et merde.

Franchement, il avait bien cru qu’il allait lui éclater les dents sur … peu importe ce sur quoi il était en train de taffer. Mais il avait eu la pensée de le faire. Ce qui, venant de Kunsel était tout de même la preuve qu’il était remonté contre une tierce personne. La quelle était Reno, présentement. Et pour énerver le Holzoff, fallait y aller. Et pas qu’un peu.

Mais leur rancune commune datait d’un petit moment déjà. Et dans les faits, Kunsel avait une longueur d’avance à ce sujet sur le Turks et s’en voulait un peu. Mais juste un peu. Désormais, c’était surtout leurs égos et leurs fiertés qui parlaient. Et qui ralentissaient tout le potentiel processus d’une réconciliation rapide, dans les faits.

« T’es pas gonflé toi. Mais j’ai vrai que t’avais aucun sens de la mesure. » Comme si lui en avait. Quelle vaste blague ! Cependant, Kunsel n’eut pas l’occasion d’ajouter quoi que ce soit puisqu’une troisième personne trouva intelligent de venir se planquer avec eux. « Aie ! »

Bon ok, là c’était vraiment serrer. Genre vraiment beaucoup. Eh merde. Kunsel essaya de se dépêtrer, sans succès. « On ne se voit pas. C’est l’autre qui squatte sans raison alors que moi c’est légitime le pourquoi du comment je suis là. »

Ah la mauvaise foi.

Kunsel avait un assez bon sens de l’écoute et de l’ouïe en général. C’est pourquoi, lorsqu’il entendit Squall râler comme un vieux papy, il se dit que quelque chose n’allait pas. « Qu’est-ce qui se passe, petit ? » Abus de langage et pourtant c’était bien loin d’être méchant. Il vit rapidement la poignée dans la main du garçon. « Ah… »

Tant pis, il allait abandonner Reno à son triste sort de gratte papier de mes deux. Sortir de là était quand même pas mal urgent. Alors, il essaya de réenclencher la poignée, sans succès. Pire encore, il la déglingua encore plus en essayant de manipuler tout ça. Bon, une seule solution, la défoncer à coup de tatane. Technique sûre et éprouvée.

Sauf que.

Eh bien Kunsel n’avait pas assez d’espace pour remonter ses jambes et encore moins pour les bouger et les plier. Ils étaient vraiment coincés. Eh merde. « Euh… Bon bah je vais pas arriver à la faire sauter, je crois. » Il allait falloir trouver un autre moyen. Sauf que. Lequel ? Vraiment, bloqués ainsi, c’était peu probable qu’on vienne leur ouvrir et pourtant, à ce stade, Kunsel aurait même été content de voir Véronique de la compta’. Mais dans un vestiaire pour hommes, peu probable.

Ce qui était agréable avec Reno, c’était sa bonne foi en toute circonstances et sa capacité à se remettre en question quand il le fallait et… Non, des barres de rire. Reno était sans doute le plus fieffé filou de la Tour Shinra, alors l’entendre médire sur les SOLDATs n’étonna même pas Kunsel, qui félicita Squall de son répondant. Non pas que lui n’avait pas osé répondre, c’est juste qu’il lui faisait encore la gueule, au Sinclair. Alors par principe, il lui parlerait le moins possible.

« Ouai… Rude serait… Rudement efficace, je pense. Plus que nous trois, déjà. » il se retint de toutes ses forces pour ne pas lancer de nouvelles piques mais… Trop tard. « C’est que deux SOLDATs ne peuvent pas compter sur une demi-portion de SOLDAT, après tout. On comprend bien, ce n’est pas une honte… Parait-il. » Et voilà que ça recommençait. En même temps il avait eu l’air ridicule l’autre là avec sa pince à épiler. Et Kunsel était limité dans ses possibilités d’action puisqu’il n’avait pas son PHS sur lui non plus. Il avait naïvement pensé que la laisser dans son casier, pour une fois, ne pourrait pas lui faire du mal.

Nota bene, ne jamais penser que les « pour une fois » sont des murmures d’instincts valables. Loin de là, même !

Bon, l’ambiance était visiblement très basse et rien de ce que Kunsel se sentait capable de dire ne réhaussait le tout – ne serait-ce qu’un tout petit peu. Alors il se fit une raison et plutôt que d’essayer de s’acharner à trouver une solution à tout prix, laissa les autres réfléchir. Des fois qu’une idée émerge d’une autre idée. Idéeception. Concept à creuser, ce serait surement intéressant sur le long terme.

Bon, Kunsel, on focus et on arrête les vannes, même dans la tête se dit le SOLDAT à deux doigts de réessayer de faire sauter la porte avec sa force brute. Mais il risquait de blesser le petit jeune et Reno dans l’affaire, s’il tentait un truc pareil. Oh, mais par contre… « Oui, peut-être que la pince pourrait se caler sous l’enclenchement d’une vis et qu’avec un de mes tonfas, je pourrais faire pression dessus ? Ça vaut le coup d’essayer. » Il proposait une idée car c’était toujours mieux que de rester silencieux et de ne rien dire.

Ça l’angoissait, le silence, mine de rien.
Encore plus depuis l’absence récurrente de Zack.

Oh mais d’ailleurs, en parlant d’angoisse et de bizarrerie… « Mais au fait Reno, qu’est-ce que tu foutais là, toi ? J’veux dire visiblement Squall et moi on voulait pas être vus, mais toi ? Ca t’prends souvent de t’enfermer dans des placards à balais qui n’en sont pas ? » Quitte à poser les questions gênantes, autant le faire. Et ça, c’était du grand Kunsel.

Bon, au moins, les choses commençaient enfin à se débloquer. Ce n’était pas une mauvaise chose, bien au contraire puisque cela voulait dire, entre autre chose, que les trois idiots allaient pouvoir sortir à l’air libre – et franchement, vu le peu d’oxygène qu’il restait dans ce placard, il était temps.

Kunsel décida qu’il était peut-être intelligent de ne pas jeter plus d’huile sur le feu entre Reno et lui. Les deux rouquins avaient largement de sujets de discussions discordants – ou juste leurs putains d’égos, aussi – pour ne pas en rajouter un de plus, dans les faits. Pour l’instant, l’Holzoff était coopératif, donc. Il n’ajouta rien de plus aux propos de ses deux collègues. Aucune utilité.

En revanche, lorsque Reno parvint enfin à faire sauter la première charnière, Kunsel poussa un peu Squall sur le côté afin de faire pression avec son épaule. Une fois, deux fois, trois fois.

Et la porte finie par céder.

D’une façon totalement dégeulasse et qui leur occasionna une chute tout sauf glamour, mais qu’importe, ils étaient enfin libres ! « Ah ! De l’air libre ! » Et bon sang, par Gaïa, ce que ça faisait du bien de n’avoir rien de plus que son armure à laquelle résister pour respirer convenablement. « Ça va vous autre ? »

Oui, quand même. Kunsel restait Kunsel.