Autant dire que depuis les évènements de la Tour Shinra, c’était plutôt le chaos partout ou presque où les yeux de Kunsel pouvait se poser. Il n’avait pas encore eut de confirmation mais il partirait bientôt pour Junon, également, semblerait-il. Pourquoi faire ? Difficile à dire… Traquer les fugitifs, peut-être ? C’était hors de questions, il trouverait un moyen d’avertir Cloud dans ce cas-là et de lui éviter, à lui et ses amis, de croiser la route de la ShinRa. Après tout, ce n’était pas comme s’il avait déjà mis des bâtons dans les roues de ses propres employeurs. Pour autant ,est-ce qu’il lui arrivait de regretter ? Absolument pas.

Mais de temps à autre, oui, faire une pause était un petit moment d’Eldorada dont il avait besoin. Kunsel n’était en rien un surhomme ou une personne particulièrement plus résistante que les autres. Il faisait surtout très attention à gérer son stress et à réagir vite et bien. Autrement il n’aurait pas fait long feu à Midgar, c’était plus que certain !

Ce soir-là, il rejoignit Zack, son ami en cavale, là où le brun avait trouvé refuge. C’était un appartement minimaliste mais fonctionnel, au moins le Fair ne semblait manquer de rien d’essentiel comme l’électricité ou l’eau courante – restait à voir le contenu de son frigo, maintenant, et ça c’était encore une autre histoire.

S’arrêtant juste devant la porte de Zack, Kunsel frappa sur cette dernière avec un enthousiasme non feint. « Zack ? J’espère que tu as prévu assez de bières pour la soirée ! » Heureusement, il avait eut la présence d’esprit de venir habillé en civil et non pas en tenue de SOLDAT. C’aurait fait tâche, quand même. Cette présence d’esprit lui évitera bien des regards de travers, surtout ici-bas où il ne pouvait être que témoin du mal que la ShinRa avait fait et faisait encore.

Zack savait que Kunsel viendrait le voir aujourd’hui… mais son ami avait encore fait l’anguille à lui donner que quelques informations pour le moment concernant Cloud et le reste de sa bande. Rien qui ne puisse l’aider à savoir où ils pouvaient se trouver, s’ils étaient réellement sains et saufs. Pour quelqu’un qui était toujours au courant de tout, Kunsel divulguait ses informations avec parcimonie.

Ce n’était pas grave, Zack était prêt à tout, lui faire les yeux de chiots qui marchaient sur tous le monde sauf le rouquin, l’acheter à coup de bières (potentiel de succès élevé), lui chopper un rendez-vous avec la plus jolie danseuse de HoneyBee s’il le fallait (risqué, mais quand on est désespéré …) !

Il réfléchissait à un autre moyen plus efficace de faire céder Kunsel quand celui-ci frappa à la porte. Peut-être que finalement les bières étaient un bon moyen de chantage, pensa Zack quand il fit entrer son ami après une bonne frappe amical dans son dos.

“Quoi ? J’ai pensé que pour garder ta forme svelte de première classe j’allais te proposer un assortiment de jus détox et naturels !”

Quoiqu’il en soit, ça lui faisait plaisir de voir son ami. Vivre seul sans que personne ne sache qu’on était encore en vie était parfois pesant et Kunsel était à présent son seul lien tangible avec le monde extérieur. Et, il y avait pire compagnie.

Il laissa le soldat s’installer tandis qu’il allait récupérer plusieurs bières pour pouvoir entamer la soirée comme il fallait. Des jus détox? Zack ne connaissait pas, surtout maintenant qu’il n’était plus soldat. Les habitudes étant coriace, il restait athlétique et en bonne santé cependant. Mais c'était encore étrange de ne plus avoir une autorité au dessus de sa tête, qui n'allait pas lui demander des comptes s'il se laissait aller.  

Il revint dans son petit salon tout en lançant sur le ton de la discussion:

“Alors ? … les affaires ? Les soldats ? … Les déserteurs terroristes ? Quoi de beau ?”

Il lança une bière au roux en essayant de cacher son impatience pour savoir ce qui se passait avec Shinra. Zack, subtil? Absolument pas.

Zack et les boissons détox… C’était déjà en soit un petit miracle qu’il connaisse leur existence alors de là à les consommer… Non, Kunsel n’allait pas pousser le vice jusque-là. Et puis franchement, il préférait largement une bonne bière aussi rafraîchissante que possible qu’un mix immonde à base de brocolis – papaye – menthe et autre joyeusetés du même genre. Il avait eu sa dose pour aujourd’hui.

Alors, en s’installant dans le canapé – sommaire mais plutôt confortable – de l’ex SOLDAT 1st Class, il prit sa bière et la décapsulant deux temps, trois mouvements. C’était comme le vélo, on oublie jamais vraiment ce genre de chose même si on ne pratique plus pendant des années. Il eut un sourire bien à lui en regardant Zack. « Oui oui, je vais tout te dire, te n’inquiètes pas pour ça. » Il s’étire les bras, poursuit. « La patience n’a jamais été ton fort, après tout. » C’était là un bel euphémisme.

Mais Kunsel lui avait promis de tout lui dire s’il restait tranquille. Disséminer les infos de la sorte avait été une méthode comme une autre pour que Zack se tienne tranquille. Pire qu’un gosse. Mais Kunsel l’aimait pour ça, aussi. Alors il tint parole « Apparemment, on aurait aperçu Cloud, Aerith et le reste de leur groupe foncer vers la fin des autoroutes en construction, un peu plus loin que le péage, même. » Sauf que subsistait là une zone d’ombre. « Et après… Ils ont disparu. Ne me demande pas comment, je n’en sais rien. La route n’est pas terminée, ils n’auraient pas dû pouvoir s’éclipser comme ça à part en sautant mais vu la hauteur des lieux je doute très fortement qu’ils aient agit ainsi, ça reviendrait à un suicide collectif pur et simple. » Et en général, on ne s’introduit pas dans des labos tops secrets pour sauver une jeune femme si c’est pour se foutre en l’air juste après, hein ?

« Mais… » Il avait des nouvelles rassurantes tout de même. « Un de mes contacts m’a dit avoir vu un petit groupe correspondant à leur description partir vers les plaines. » Si c’était le cas, ils devaient déjà être loin. Et tant mieux.

Zack savait que Kunsel le faisait poireauter exprès. Ce dernier savait aussi parfaitement que le brun était tout sauf patient, notamment et surtout lorsque ça concernait des personnes en qui il tenait … Sans mentionner qu’il s’agissait cette fois-ci d’Aerith et Cloud. Bref, Zack tentait tant bien que mal de ronger son frein sachant pertinemment qu’une fois que Kunsel avait une idée en tête il était difficile de la lui déloger même sous la menace ou la torture. Celui-ci lui en dirait plus une fois seulement qu’il en aurait décidé.

“ Tu le fais exprès…”

Finalement, au cours de quelques minutes, Kunsel lui fit enfin son rapport. Zack l’écoutait avec toute l’attention d’un assoiffé arrivé à une source d’eau au milieu du désert. En entendant le mot autoroute, il se fit violence pour ne pas attraper les premières armes venues et courir en direction de l’endroit … Même si cela faisait plusieurs jours que le groupe de Cloud et Aerith avaient été aperçu.

Lorsque Kunsel finit ses explications mentionnant la disparition pure et simple des fuyards, Zack resta un moment silencieux. Poursuivit par la Shinra, il semblait difficile de disparaître de la sorte et cela semblait pourtant être le cas. Et le mercenaire ne pouvait pas croire que Cloud et Aerith ait pu recourir à un suicide collectif. “Non, ce n’est pas possible… ils ne feraient pas ça.” Tout en sirotant sa bière, l’air pensif, il essayait de se mettre à la place de Cloud et d’Aerith. Qu’est-ce qui avait pu se passer ? Mais l’un comme l’autre pouvait se révéler imprévisible et il n’avait rencontré aucun des deux depuis longtemps.

Il pensa soudainement à quelque chose et se retourna vers son ami : “Comment était armé Cloud ? Est-ce que tu sais s’il avait une grande épée ?”  

Le blond avait peut-être eu d’autre priorité que de garder avec lui l’encombrante busted sword, mais Zack ne pouvait s’empêcher d’y croire, même un peu.

Il finit par s’affaisser contre le dossier du fauteuil, levant les yeux au ciel, frustré par la situation : “Si seulement on pouvait faire autre chose que rester planter là… Si on pouvait partir à leur recherche, toi et moi…comme une de nos missions, la bonne vieille équipe.”

Zack soupira, être soldat lui manquait un peu parfois, mais c’était du passé.

« Ouai, je voyais mal Cloud se suicider après s’être cassé la tête à venir récupérer Aerith dans la tour. » Ça n’aurait fait absolument aucun sens. Et même si Kunsel avait un peu de mal à lier toutes les informations entre elles, parfois, pour le coup il avait peu de doute quant au fait qu’il avait raison. Il reprit une gorgée de sa bière avant de poursuivre, tout en regardant Zack dans les yeux. « J’sais pas s’il avait ton épée, mais je pense que oui. Tu verrais les dégâts qu’il a fait dans les couloirs de la tour… Vu les traces laissées dans le métal, soit c’était ton épée, soit il est devenu un type musclé comme un bulldozer et avec des griffes en adamentium qui lui sorte des phalanges. » Il rit pour essayer de détendre l’atmosphère parce que lui-même n’est pas très à l’aise.

Il sait ce que cette épée représente pour Zack et il sait aussi que c’est une bonne chose que Cloud l’ait avec lui. Plutôt savoir cette arme dehors que dans les salles d’armes de la Shinra. Si tel avait été le cas, probablement que Kunsel serait allé la voler lui-même. Comment ? Il aurait bien fini par trouver. Heureusement, pas besoin d’en arriver là.

« J’ai pas eu la chance de le voir de mes propres yeux. Hans m’a prévenu que Cloud était dans la tour pendant que je prenais ma pause bretzel. » Ah, rien que d’y repenser, il resserra un peu sa prise sur la cannette, faisant couiner le métal et y imprimant la marque de ses doigts. « Ce petit con, qui attend que je sois pas là pour débarquer. Non mais franchement, on croit rêver. J’vais vraiment finir par croire que ni toi ni lui ne me considérez comme ami à force ! » C’était… pas tout à fait vrai. Mais pas tout à fait faux non plus. Kunsel ne donne pas son amitié à la légère. Mais vu les circonstances récentes, oui, parfois il doutait. Ok, il n’était pas Spehiroth – et ne le serait jamais – et il n’avait jamais eu la prestance d’Angeal (« M’sieur Angeal, comme il l’appelait ») ou de Genesis mais quand même… Parfois il se demandait si le problème ne venait pas de lui, à tout hasard.

Mais bon, ce serait pour une prochaine fois. « Je vais être envoyé à Junon, prochainement. Je pense que c’est pour essayer d’arrêter Cloud. Évidemment, je n’en ferais rien. Mais je te donnerai des infos dès que j’en aurais. » Une promesse. Encore une.

"Non ça ne ferait pas sens". Zack ne pouvait pas imaginer Cloud attenter à sa vie alors qu'il lui avait demandé de prendre soin de lui-même. C'était sans doute narcissique comme manière de penser. Et il oublia pour l'instant une pensée pareille, se mettant à sourire en entendant ce que venait de lui dire Kunsel. Ok, il n'était pas sûr. Mais il pensait bien que Cloud avait son épée. C'était suffisant pour lui rendre espoir. Et soulagé, Zack ne put s'empêcher de rire bruyamment en imaginant Cloud et des griffes en adamentium. Ce serait un coup à ce qu'il se poche un oeil en cherchant à se gratter le nez.

"Il a l'air de bien se débrouiller ... échapper à la Shinra en détruisant tout sur son passage. Tout le monde n'en est pas capable" Dit le brun songeur. Bien qu'il croyait en Cloud, il avait du mal à imaginer et concilier avec son propre souvenir le jeune homme doux et réservé créer un tel chaos avec une troupe de terroristes.

Entendant couiner le bruit de la canette de Kunsel, Zack leva les yeux vers ce dernier ... qui semblait ...énervé ? Les derniers mots de celui-ci résonna en Zack, surpris d'un tel aveu d'émotions.

"Qu'est-ce que tu racontes ?"

Zack lui lança sa propre cannette vide à la tronche, avant de se rapprocher du rouquin. Il l'attrapa d'une prise de bras autour du cou et ébouriffa ses cheveux. "Avoue, de quoi tu parles ?"

On considérait souvent Zack comme étant costaud et parfois imposant avec sa grande taille, mais lui-même savait très bien que Kunsel pouvait lui foutre une raclée s'il le voulait vraiment et il se permettait ainsi ces familiarités. Car le brun convoyait toujours ses émotions par le contact et les actions que par les mots. Il n'était clairement pas poète. Et il détestait l'idée que son meilleur ami, le seul qui lui restait maintenant que lui-même n'existait officiellement plus, puisse croire qu'il n'accordait pas d'importance à leur relation.

Il n'allait peut-être pas le lâcher métaphoriquement parlant, car Zack voulait savoir ce qu'il avait pu faire de mal et n'en démordrait pas, mais il se décrocha de son ami avant de s'en prendre réellement une.

"Merci..." il hésita avant d'ajouter. "Tu sais que j'apprécie tout ce que tu as fait pour moi... et continue de faire ?"

« Aie ! Eh les canettes c’est à la poubelle de tri, pas sur la tête des gens ! »

Lorsque Kunsel avait un coup de blues, en général, ça passait assez vite. Il suffisait d’un signe de main d’une jolie fille ou d’un bretzel pour aller mieux. Une bière avec un ami de longue date, ça marchait aussi, par ailleurs. Mais il se rendit compte qu’il avait peut-être trop dit ce qu’il avait sur le cœur à l’instant T lorsque Zack fit une fixette dessus. Ben voyons, c’était bien le moment pour retenir un truc pareil. Kunsel fit mine de se débattre quand le Fair lui ébouriffa les cheveux mais c’était plus pour la forme que pour le fond. « Aaaaah, mais arrêtes un peu ! »

Le rouquin vint se réinstaller correctement sur le canapé. Il savait qu’il en avait trop dit et que pour une fois, Zack allait pouvoir se tenir concentré plus de deux minutes. C’était bien sa veine. Mais il fallait aussi en passer par là. Même lui pouvait craquer. Derrière son armure, il en gardait bien plus que l’on aurait pu l’imaginer. « Ouai, ouai… Je sais. Je sais. » Sans doute sa parole avait dépassé sa pensée de plusieurs enjambées, mais cela ne faisait que refléter les insécurités qu’il se trainait.

Comme tout le monde, en somme. Kunsel n’a jamais fait partie des exceptions, peu importe le sujet.

« C’est juste que… J’sais pas. J’t’adore hein Zack, va pas penser une seconde le contraire. Mais… Parfois t’as l’air tellement dans ta bulle que c’est pas évident de toujours te comprendre. Ou de te faire comprendre certaines choses. » Maintenant qu’il était parti, il pouvait bien illustrer ce qu’il était en train de dire. « Avant, quand on était un trio avec Cloud, bah parfois vous étiez juste dans vos pensées, tous les deux. Si tu crois que je vous avais pas grillé à des kilomètres, tu te goures. »

L’attirance du Fair pour le Strife n’avait jamais échappé au Holzoff, mais c’était sans doute parce qu’il avait l’œil pour ça. « Mais du coup quand vous avez disparus je… J’me suis tout imaginé. »

Dans sa tête, c’avait été un véritable chantier. D’ailleurs c’était sans doute encore le cas, à bien y regarder.

“Sauf quand les gens disent n’importe quoi” répondit sous le même ton Zack.

Pendant ce temps, l’ancien soldat réfléchissait à ce qu’il avait pu faire ces derniers temps pour que Kunsel lui fasse une telle remarque. Et maintenant qu’il savait qu’il avait peut-être fait quelque chose de mal, ou du moins avait été blessant, il allait être difficile de lui faire penser à autre chose.

Au bout de quelques instants, Kunsel finit par expliquer un peu plus le fond de sa pensée et bien que Zack voulait lui couper la parole et se défendre, il fit un effort pour se taire. Il n’était pas sûr de comprendre ce que son ami voulait dire par être dans sa bulle, mais il reconnaissait que parfois il avait du mal à comprendre ce qu’on essayait de lui apprendre. Ayant toujours été sûr de lui et prône à l’action, il en oubliait parfois que tout le monde ne fonctionnait pas de la même manière.

Le dernier point le fit rougir aux oreilles cependant.

“Griller de quoi ?”

Zack était persuadé de ne pas s’être confié encore à Kunsel, du moins pas lorsqu’il était sobre, puisqu’il était encore en train d’y réfléchir seul. Car lui-même n’était pas encore sûr que l’attirance qu’il avait pour Cloud puisse être réel et non pas un symptôme de sa solitude. Bien sûr il avait toujours aimé, même en tant qu’ami, le blond et ce dès les premiers jours, car il avait quelque chose de doux et réconfortant. Il avait aimé passer du temps en sa compagnie, mais tout comme il aimait en passer avec Kunsel. Bref, il n’était sûr de rien.

Et à l’époque, il se rappelle qu’il était aussi omnibulé par Aerith… qui d’ailleurs lui manquait terriblement. Il était sûr qu’entendre seulement son rire lui aurait permis de trouver un peu de réconfort pour aborder sa situation actuelle. A présent, il n’était pas sûr de savoir comment elle réagirait s’il réapparaissait dans sa vie comme ça… Une fille aussi solaire qu’elle devait avoir une horde de prétendant … D’ailleurs …comment connaissait-elle Cloud ?

Zack devint silencieux un instant.

Est-ce que les deux … ?

Un peu gêné par le tournure de la conversation et cherchant aussi à penser à autre chose que son potentiel crush et l’idée qu’Aerith et Cloud puissent être un couple, Zack se leva pour aller récupérer de nouvelles bières tout en lançant sur le ton de la rigolade :

“Qu’est-ce que tu pensais ? Qu’on s’était enfui de Shinra pour vivre notre amour interdit et passer notre lune de miel à Costal del sol ?"

Il revint, passa une des bières à son ami avant de se rassoir en demandant sur le ton de la conversation : “ Tu penses que Cloud et Aerith sont … ensembles ?” L'idée avait décidement du mal à sortir de son esprit.

Il but quelque gorgée, repensant à son périple depuis les laboratoires de Hojo jusque’à atterrir devant Midgard et ensuite retrouver Kunsel. Pendant son voyage, avec pour seul compagnon, un Cloud qui ne répondait pas, Zack avait été tenté de trouver un moyen de contacter son fidèle ami. Il avait toujours apprécié les e-mails de ce dernier lors de ses missions au loin, le tenant au courant des gossips du moment. Et alors qu’il était souvent en train de porter le blond à travers le pays tout en parlant seul, il avait regretté plus que jamais l’humour et les bons conseils de celui-ci.

“Je t’aurais contacté de suite si j'avais pu le faire. Ça m’a manqué de ne pas savoir comment tu t’étais pris ton dernier râteau en date par une des employées de la tour. D'ailleurs t'en es où de ce côté-là ? tu sais que c'est mon feuilleton préféré ?”

Il fit un clin d’oeil au rouquin.

Kunsel eut un sourire en coin, fier de lui, en voyant Zack virer au rouge. Ce n’était pas le premier quidam du coin qui pouvait se vanter de faire tourner pivoine le grand soldat admiré de tous et toutes, le grand Zack Fair ! Il se garda au moins cette fierté pour lui. C’était toujours ça de gagné. Pour fêter ça avec lui-même, il reprit une gorgée de bière, agréable à sa gorge.

La suite se passa surtout sous le joug de l’ironie grinçante mais ô combien drôle de deux meilleurs amis qui se connaissent bien. « Va savoir, j’ai eu au moins des scénarios allant de A à Z en passant par des variantes pour chacune des lettres de l’alphabet donc tu sais, c’aurait tout à fait pu être possible et même pas j’en aurais été étonné, vous connaissant ! » C’était faux, bien sûr, mais Kunsel avait besoin de rire. Alors il rit, il noie ses doutes dans la candeur du lien qui l’unit encore à Zack, dans cette amitié unique et qui lui fait du bien. Il ne sait pas ce qu’il aurait fait si Zack était mort ce jour-là. Probablement qu’il ne se le serait jamais pardonné.

En revanche, il n’avait jamais pensé à la possibilité que Cloud et Aerith puissent être… Oh. « Hum. C’est un point de vue intéressant. Pourquoi pas, en vrai. Quand je suis allé la voir deux-trois fois, elle donnait l’impression que tout allait bien mais ça se voyait que ta disparition l’a beaucoup touché. Elle t’a cru mort, comme moi. Alors bon, qu’elle refasse sa vie, ce serait pas illogique. » Il se doutait bien que ça n’allait pas trop plaire à Zack, qu’il lui dise ça mais il était don ami. Et les amis ne sont pas faits que pour étouffer les contrariétés possibles. Il faudrait bien aborder le sujet un jour, après tout.

Mais Kunsel s’arrêta de boire sa nouvelle gorgée de bière lorsque Zack toucha un autre point sensible. Il baissa son bras et regarda Zack droit dans les yeux. « Ça donne que ça va nulle part. Encore plus depuis que je suis passé première classe. » En se concentrant un peu, il fit en sorte que ses yeux changent de couleur, passant de l’argile à la mako. « J’suis pas comme toi, Zack. Les femmes me regardent plus dans les yeux depuis. » Il commençait à se faire une raison. Les choix de vie n’entraient pas toujours en raccord avec les désirs des gens. C’est comme ça.

Zack fit la grimace. Lui était persuadé que ses sentiments pour le blond ne s’était réveillé qu’à leur séparation. Et malgré que Kunsel blaguait à cet instant précis, clairement celui-ci semblait croire qu’il y avait eu anguille sous roche. Ils avaient beau se chambrer à longueur de temps, Zack savait aussi que son ami avait le nez fin et devinait bien avant tout le monde les intrigues des uns et des autres.

“En tout cas, si un jour on se revoit et qu’on se marie, tu seras témoin donc prépare ton plus joli costume.” Finit-il par conclure en riant légèrement pour cacher sa gêne.

A vrai dire, le jeune homme, à présent qu’il était passé pour mort, faisait profil bas et voyait Cloud s’éloigner de lui géographiquement, avait du mal à croire ne serait-ce qu’à des retrouvailles.

Sortant de ses états d’âme, il se concentra sur les paroles de Kunsel à propos d’un sujet qui l’intéressait que trop. Il but une gorgée pour se donner une contenance avant de froncer les sourcils. Il s’attendait, ou plutôt espérait que Kunsel le contredise et le réconforte sur l’idée que rien ne pourrait se passer entre Cloud et Aerith, mais comme toujours avec son ami et sans doute heureusement, il ne le ménageait pas et lui énonçait les possibilités comme elles étaient. Zack s’en voulut cependant lorsque celui-ci lui fit rappeler que la jeune fille l’avait cru mort et après autant de temps, elle n’aurait évidemment pas pu ou dû l’attendre.

Il avait eu tellement d’affection pour la jeune femme. Encore maintenant, ne serait-ce que penser à elle le faisait sourire et il espérait la revoir aussi. Son apparence trompeuse d’une fille douce et gentille et son caractère bien trempé… Zack ne pouvait s’empêcher de penser que Cloud aussi tomberait sous son charme… Mais est-ce qu’il en était ravi ? Pas réellement.

Il était à deux doigts de demander des preuves sur une potentielle relation entre ses deux fantômes du passé, mais Kunsel semblait encore sensible sur certains points et Zack ne s’était pas attendu à une réponse aussi sérieuse. Il leva un sourcil, posant sa bière sur le bord de la table basse pour prendre le temps de répondre quelque chose.

Zack réagissant comme seul il savait faire, fit un clin d’oeil à son ami en toute honnêteté: “Peut-être parce qu’elles regardent autre chose ! T’as pas pris en muscle là ?”

Mais Kunsel n’avait pas tort, devenir soldat signifiait pour la plupart s’écarter des autres, car on devenait trop différent, trop …amélioré. Et lorsqu'on avait la force d'un surhumain, le risque de blesser quelqu'un ne pouvait qu'influencer toute relation. Sans compter les missions et la guerre incessantes.

“Ce qu’il te faut c’est une fille soldat qui puisse te dresser quand t’es impertinent.”

A la mention du mariage, Kunsel reprit une gorgée de sa bière – le contenant avait subi quelques pressions mais eh, qu’importe le flacon tant qu’on a l’ivresse, pas vrai ? « C’est ça, champion, encore faudrait-il que tu arrives à enfiler un costume cérémonieux comme un grand avant ça. » Nouvelle gorgée puis il reprit, avec un sourire. « Mais bon, c’est aussi ça le rôle du témoin, pas vrai ? » C’était une entente.

Mais le roux leva les yeux au plafond aux autres mots de Zack. « T’as raison ouai, j’ai pris en muscles pour pouvoir légitimement te mettre à terre, maintenant. » Il en riait, mais pas tant que ça. Parce que ses muscles, justement, il savait qu’il les devait aussi en partie à la mako qui circulait dans son sang, maintenant. Et quelque part, ça le terrifiait.

Il fallait se prostrer lorsque Zack énonça l’idée qu’il lui fallait une femme soldat pour le « dresser ». Mais au final, il préférait en rire. Ça le faisait grincer des dents mais il ne voulait pas s’arrêter là-dessus. « C’est drôle, tu m’avais pourtant toujours dit que c’était mon atout charme, mon côté impertinent, justement. Faudrait savoir ce que tu veux. Je ne suis plus à ton goût. » Ahahah.

Zack Fair a écrit:

A l’idée que Kunsel puisse être forcé de devoir l’aider à s’habiller, Zack eu un petit rire qu’il étouffa dans sa bière. Ce serait bien “in brand” ça. Après tout, depuis le temps, ils avaient bien fait les 400 coups, souvent avec bien trop d’alcool dans le sang. Il sentait que Kunsel ne lui pardonnait pas entièrement malgré son sourire et son attitude légère. C’était cela aussi, Kunsel. Quelqu’un qui avait toujours l’air aimable et de bonne humeur, mais aussi légèrement volatile. Le type de personne qu’on regrette avoir blessé, car il ne pardonnait pas facilement.

Zack avait seulement envie de boire de la bière avec son meilleur ami, oublier ce qui se passait dehors, loin de son petit appartement presque insalubre et ne pas penser à quiconque qu’il connaissait et qui puisse être en danger ou en fuite.

“Eh, ce n’est pas toi qui m’a envoyé bouler la fois où on buvait à Costa Del Sol ? Je ne me suis jamais pris un râteau pareil !”  

Mais Zack était aussi ce genre de personne qui ne supportait pas les doubles impressions et, peut-être il se trompait, mais il avait l’impression qu’avec sa conversation avec Kunsel, il n’avait fait que s’enfoncer et à cause de son attitude trop légère n’avait qu’agacer son ami.

Il commença à s’agiter, incapable de tenir en place tant qu’il n’aurait pas réglé, ou au moins tenté de régler le problème actuel. Ou à défaut d’être un problème, la gène qui semblait se déposer sur eux. Il posa la canette sur la table basse, se claqua les doigts sans même s’en rendre compte avant de dire dans un même souffle :

“Je sais que je ne suis pas facile. Et que souvent je ne me rends pas compte suffisamment vite de ce qui cloche autour de moi. Et je suis désolé de ne pas t’avoir prévenu avant de tout ce qui se passait autour de moi. Je sais que tu m’en veux et je comprends…”

Voilà, il commençait à tourner en rond. S’exprimer parfois était bien difficile.

“Mais je ne veux pas que tu m’en veuilles éternellement, donc si je peux faire quelque chose… Tu sais que c’est plus simple de me dire, car je pige pas les sous-entendus. On peut aller se battre si tu veux ? Se défouler un peu nous ferait peut-être du bien… Enfin ce que tu veux…”

Il se tue soudainement. Il se rendait compte qu’il ne faisait pas bien sens et qu'il avait sûrement encore été bien impulsif.

Kunsel s’était attendu à ce que Zack finisse par comprendre, oui. Il n’était pas si idiot qu’il voulait le faire croire. Ce n’était qu’une façade. Qui n’en a pas, de façade, dans ce monde ? C’est plus facile d’en avoir pour switcher dès que l’on sent une blessure arriver. Car une blessure que l’on n’exprime pas n’existe donc pas vraiment, pas vrai ? C’était toujours comme ça. Et Kunsel avait beau être un cœur immense, lui aussi se réfugiait plus que de raison dans sa coquille.

Surtout lorsqu’il sentait la situation lui échapper complétement. Sauf que parfois, les pertes de contrôles en entrainaient d’autres, qui elles-mêmes en entrainaient d’autres et ainsi de suite. Il avait l’amère impression d’avoir bousculé un domino il y a très longtemps et que maintenant, peu importe ce qu’il ferait, peu importe combien il se battrait… Rien ne redeviendrait comme avant, comme ce qu’il avait chéri si fort – peut-être à tort, finalement. Non, sans doute à tort.

Voir Zack devenir tout à coup sérieux fut comme une décharge électrique qui parcouru Kunsel d’une façon vraiment désagréable. Et dire qu’il essayait de tout réprimer pour aborder le sujet un peu plus tard car ce n’était pas le moment… Finalement, même sur ça, il n’aura pas eu le contrôle ou le choix. La cannette dans sa main goûta à sa force améliorée et cette fois, elle s’éventra, renversant un peu de son contenu sur le sol.

Kunsel avait passé un stade sensible, qu’une envie de violence déchainée lui donnait envie d’exprimer. Lui qui ne connaissait que trop peu ce sentiment malsain s’y retrouvait englué atrocement. Tant pis, peut-être que laisser tout exploser était une solution comme une autre ? Essayer de faire comme Zack et ne voir les conséquences que par après était peut-être ce dont il avait besoin lui aussi, sans se l’avouer.

« TU ME GONFLES, PUTAIN ! » Ses doigts relâchent la canette et viennent attraper Zack par le col, pour le rapprocher de lui. « OUI PUTAIN, OUI JE T’EN VEUX, ZACK ! »

Les dents qui claquent, la respiration qui s’affole… Non, personne ne pourrait ne pas comprendre le sentiment qui animait ce regard virant au bleu mako sous la puissance colossale de sa fureur. « Je t’en veux parce que tu m’as jamais mis dans la confidence alors qu’on s’étaient mis d’accord que tu pouvais tout me dire, que les excuses « je voulais te protéger des conséquences » avaient pas leurs places entre nous… Mais tu l’as fait quand même. » La force du débit est plus calme, mais les mots sont poignants. Kunsel inspire, expire avant de reprendre. « Je t’en veux parce que pensais qu’il ne nous arriverait jamais rien de semblable, que nous étions suffisamment proches pour se parler… Parce que moi je t’ai parlé, Zack ! »

Son regard fane dans celui du Fair, se détourne sur le sol tandis que sur le sol de cet appartement, il commence à pleuvoir depuis ces yeux réservoir. « Je m’en fiche, moi, si finalement tu as préféré la présence de Cloud à la mienne… Parce que même si tu me considérais plus comme ton ami, pour moi tu serais toujours resté mon meilleur ami ! » Encore un souffle, encore une douleur alors que ses phalanges se crisper toujours plus sur le tissu du col, les yeux revenant vers ceux de Zack avec une colère toujours présente pour voguer dedans. « Je t’en veux pour Aerith, qui t’a attendue comme une fleur et qui n’a jamais voulu croire à ta supposée mort ! Est-ce que tu sais combien ça a été dur quand elle s’est jetée sur moi en m’appelant par ton prénom parce qu’elle pensait sincèrement que tu étais revenu ?! Pour elle comme pour moi, ce fut un enfer. Et encore, l’enfer, au moins, on sait pourquoi on y est. » En théorie.

Finalement, les tremblements prennent le pas sur le reste. Kunsel relâche Zack, s’éloigne d’un pas et détourne le regard, les larmes quittant toujours sur ses joues. « Je t’en veux pour tout ça et pour tout le reste aussi… Mais… Mais en toute honnêteté… » Il ne sait pas si c’est une bonne chose, ce qu’il s’apprête à dire mais tant pis. Plus le temps pour les niaiseries.

« C’est surtout moi que je haïs du plus profond de mon cœur. Pour avoir été incapable de vous protéger tous autant que vous êtes. Cloud, Aerith, Reno, toi… J’ai rien pu faire. J’aurais été un personnage secondaire que c’aurait été pareil. J’ai servi à rien. Comme d’habitude. »