Ok, alors, tout était parti très vite, très loin. Trop loin, même, si on considérait que Kunsel et Minelauva était normalement censés poursuivre une créature étrange pour éviter des dégâts au Wall Market.

Mais ce qui attira l’attention de Kunsel fut surtout les mots utilisés par le baraqué. Chéri ? Quoi ? Pardon ? Il avait bien entendu ? De surprise, il s’en étrangla avec sa salive. Son visage tourna au pivoine et il essaya maladroitement de répliquée. « Euh, non mais je- euh… En fait j’ai déjà une... une copine et….rhtlrihtrht’

Pourtant, le SOLDAT fut désarmé face au sourire de la brunette. Il ne voulait pas la décevoir et quelque part, il s’en voulait encore de lui avoir fait peur un peu plus tôt dans la journée. C’était peut-être une façon de se faire pardonner, après tout ?

Ça valait le coup d’essayer.

Et quant au monstre, peut-être que de ne voir personne à sa poursuite lui ferait baisser sa garde. C’était risqué mais il fallait parfois être capable de prendre des décisions hasardeuses pour espérer une fin heureuse. Kunsel se laissa vaincre. « Bon, d’accord alors. »

Et puis l’avantage du Wall Market, c’était que vu la population, si quelque chose arrivait, ils entendraient forcément des cris. Peu de chances de louper des infos, donc. « Quel est ce jeu, du coup ? »
« Faut faire autant de tractions possibles en un minimum de temps. »
« Hum… »

Ça lui semblait jouable. Il s’approcha donc de la barre et sauta pour s’y accrocher.

Oh, alors le but était simplement de faire le plus de tractions possibles en un minimum de temps ? Parfait ! Kunsel avait toujours aimé cela, la pseudo-compétition pour le plaisir simple du jeu. Immédiatement, il sauta pour s’accrocher à la barre de tractions et entama au son de cloche le mouvement de montée puis de descente. Il voulait gagner ! Le nombre de fois qu’il avait essayé de battre Zack aux squats, il ne les comptait même plus, alors au moins les tractions, peut-être que …
Mais non. Finalement, lorsque le gong sonna et que Kunsel comme Minelauva redescendirent sur la terre ferme, il comprit rapidement qu’il avait perdu. Mais loin de s’emporter ou de se mettre ne colère, il laissa un grand sourire lui barrer le visage.

« Kunsel. Je m’appelle Kunsel Holzoff. » On lui demandait son nom et il répondait, c’était la moindre des politesses à avoir.

Puis il se tourna vers Minelauva et voulu être bienveillant. « Est-ce que ça va ? » Au départ parti pour mettre une main sur son épaule, il se souvint alors que la jeune femme n’apprécierait peut-être pas d’être touchée de la sorte par un membre de la ShinRa – ce qu’il pouvait comprendre. Alors, à la place, il garda deux mètres de distance et enchaina sur un tout autre sujet de discussion. « En tout cas, super technique ! Tu aurais surement des choses à m’apprendre ! »

Sourire solaire.

Oh… Avait-il dit ou fait quelque chose de dérangeant ? Kunsel n’avait pas eu cette impression mais il savait que sa spontanéité pouvait parfois lui causer du tort… Et gêner les plus sensibles.

Toutefois, lorsqu’il vit la demoiselle disparaître dans les toilettes, il tâcha de se dire que non, ce n’était pas de sa faute, finalement. Elle y resta quelques instants, laissant à Kunsel la possibilité de discuter avec les colosses bodybuildés qui le félicitent pour sa performance. Même s’il avait perdu, ce n’était pas une honte, il avait ainsi un axe de progrès pour s’améliorer.

Il aimait bien cet endroit, finalement, il essaierait d’y revenir par la suite ! Cela lui ferait une bonne coupure. Et puis, il se demandait si Jessie aimerait venir ici aussi, pour se défouler ? Une pierre, deux coups !

Kunsel met toutefois ses pensées du genre de côté lorsque Minelauva revient. Elle s’excusa et il secoua la tête avec bienveillance. « Ne t’excuse pas. Tu es sûre que ça va aller ? Moi ça ne me pose pas de problème de reprendre là où nous en étions auparavant, mais je ne voudrais pas que tu te forces si tu ne te sens pas en forme. » Il était prêt à continuer seul.

Oh. Kunsel dû bien l’admettre, le côté téméraire de la jeune femme avait tout de séducteur. Toutefois son « je peux finir seule » lui froissa un peu l’égo sur le moment. Heureusement que Kunsel n’était pas du genre à se vexer trop longtemps, en une poignée de secondes, c’était déjà oublié.

« Oui, allons-y ! » Il était plus motivé que jamais. Quelque part, faire cette petite pause dans les recherches avait été plaisant mais ils s’étaient peut-être bien tiré une balle dans le pied, à bien y réfléchir. C’était quitte ou double, la créature pouvait très bien avoir relâché sa garde en voyant qu’elle n’avait pas de poursuivants et elle serait donc plus encline à commettre des erreurs. Il faudrait ouvrir l’œil encore plus qu’avant.

Les dédales du Market s’épaississant, Minelauva fini par demander son chemin à des personnes… fort peu recommandable. Et si Kunsel voulu de prime abord aller lui-même leur régler leurs comptes pour avoir ainsi parlé à une jeune femme, une autre idée, plus taquine, s’empara de lui rapidement. « Hum… »

Profitant du manque de code de Minelauva, il s’approcha presque nonchalamment et sourit aux indigents. Puis il se tourna vers sa comparse. « C’est une invitation à la cogner. C’est comme ça que les gens se disent bonjour, ici. »

Il avait un peu honte de déformer la vérité mais après tout, qui cherche trouve, non ?

Ah, bon. Sa tentative pour faire taire ces imbéciles n’avait pas fonctionnée. Ou, du moins, n’avait pas été comprise comme il l’aurait souhaité. Tant pis, Kunsel ne pouvait pas en vouloir à la demoiselle pour ne pas avoir su lire entre les lignes. Elle paraissait déjà perdue rien qu’à être dans ce monde ci alors il reconnaissait volontiers ne pas avoir été le plus fin des conseillers sur ce coup-là.

Bon, au moins, et ce fut une bonne surprise, Minelauva semblait être capable de reprendre pied assez aisément par rapport à la situation initiale. Cela réassura Kunsel qui ne put que sourire, les poings sur les hanches, fier comme si c’avait été son enfant qui venait de rétorquer tout ça.

Toutefois, son regard ne trompait pas, il se doutait bien que les sales types en face ne se laisserait pas impressionner. Alors, profitant du fait que Minelauva lui tournait le dos, Kunsel détacha les attaches de ses manches pour remonter le tissu jusqu’à la moitié de ses biceps. Il vint ensuite les croiser sur son torse, ce qui eut pour effet tout simple de faire se contracter ses muscles. Et quiconque d’un minimum intelligent se douterait bien qu’une telle armature pourrait faire très mal si elle était contrariée.

Il vit l’un des hommes déglutir et parler péniblement. « Les quartiers du Don c’par là-bas… »
Bon, maintenant qu’ils avaient l’info, ils n’avaient plus qu’à décamper. Kunsel laissa un sourire franc barrer son visage. « Eh bah voilà quand vous voulez, vous voyiez que vous pouvez être sympas parfois ! Viens Mine’, on y va ! » Il fallait bien suivre toutes les pistes possibles, pas vrai ?

Bon, le petit malentendu n’aura pas réussi à avoir raison de leur duo de choc et de cela, Kunsel était clairement satisfait. Il n’aurait pas voulu se brouiller avec Minelauva. Certes, il ne la connaissait que peu, encore, mais il lui portait déjà une affection réelle. Car Kunsel était de ceux qui mettaient leurs cœurs à nu ; prenaient des coups mais continuaient de s’acharner à donner de l’amour autour d’eux, peu importe la forme que cela prenait. Aujourd’hui, ce serait sous les traits de sa confiance que cela se manifestait.

Ils parvinrent jusqu’à la maison défoncée du Don – difficile de croire que régnait ici un magnat mafieux il n’y a pas six mois – et commencèrent à inspecter les lieux. Vraiment, tout le monde était venu se servir, il ne restait plus grand-chose à se mettre sous la dent. Kunsel commença à regarder partout où il pouvait poser son regard.

Puis il vit au même moment que Minelauva l’œil circulaire d’une caméra de surveillance. Hum, ce pouvait être un indice comme un autre mais pour le coup, il n’y croyait pas trop. « On pourrait essayer de trouver les enregistrements après avoir fait un tour ? Il me semble avoir vu des escaliers descendants, un peu plus loin. On peut voir où ça mène ? » Peut-être que la bête avait besoin d’un antre austère ?

Il a été formé à différent styles de combats et à différents styles de situations, toutes plus étranges les unes que les autres. Et puis, il en a vu des choses bien hors cadre, Kunsel. Peu de choses pourraient encore l’étonner – si ce n’est croiser Cloud à la machine à café mais ceci est encore un tout autre débat.

Alors, lorsqu’il entend un ronflement des plus étranges, Kunsel ne laisse pas la panique prendre le dessus sur ses réactions. Il lève son poing, militaire dans ses mouvements, pour signifier à Minelauva de ne pas s’approcher plus pour le moment. Il gère. Enfin, il essaie, au moins.

« Je vais essayer d’ouvrir la porte d’en bas, si jamais quelque chose ne va pas, je t’appelle, mais surtout ne t’approche pas trop près, on ne sait jamais. Je ne voudrais pas que tu finisses blessée. » Par sa faute à lui, en plus.

Nul doute qu’il le vivrait très mal.

Son chuchotement terminé, Kunsel prépares ses poings, au cas où il aurait besoin de se défendre. Sa main se pose sur la poignée de la porte et il tire dessus, aussi doucement que possible, pour éviter un chambardement de tous les diables – loin d’être évident.

Ses yeux mako se mettent alors à briller. Est-ce que ça va lui être d’une quelconque utilité, seulement ?