S'il y'a une chose que nous comprenions aisément, c'était l'agacement de notre maire d'être cantonné à son rôle d'archiviste. C'était comme ça qu'il voyait la manière dont on le voyait et le traitait à la Shinra. Fierté mal placé ? Peut être mais pas que, je pense qu'il y'a aussi de l'impuissance de pouvoir accompli le rôle qu'il imaginait par ce titre et ce poste de maire.

Quel drôle de personnage "chez" qui j'avais été envoyé. Et j'en avais croisé d'autres des personnalités haute en couleur ici. La Tour Shinra semblait peuplé de marginaux à tous les étages, et faut dire que j'étais pas mal non plus, parfois. En connaissance de causes, alors peut être que cela était davantage excusable ?

En tout cas, quitte à être coincé dans cette tour, je préférais être à ces étages là, paisible que dans les geôles des labos situés à d'autres étages. Je n'avais pas encore percé le mystère de tout ce qui m'avait été fait à l'époque mais je ne me focalisais pas sur cette historique. Je voulais faire mes preuves, et je devais encore les faire.

L'avantage des archives et de la bibliothèque, car, une partie des livres ici présents, étaient considérés comme archives car étant par nature un livre. Vous ne trouverez pas de traces de papiers à un autre étage, à en croire le tout technologie que semblait avoir adopter la firme. Peut être qu'un jour, le papier toilette ce sera digitalisé également. Ragoûtant...

Peu de gens passaient par ici. Quelques employés municipaux, notamment ceux qui étaient en charge de numériser les ouvrages les plus susceptibles de garder une trace électronique, et parfois, quelques "invités". Pour quelles raisons, je l'ignorais. Le calme, peut être ? Le fait d'avoir une reliure entre les mains. Et parmi eux, un qui attisait ma curiosité. Récurrence de ces venues, look avec son chapeau particulier. Ce n'était pas un simple agent comptable, j'en mettrais ma main à couper.

J'aimais bien l'observer de l'étage supérieur pour m'essayer à diverses thèses sur ses agissements. Je ne faisais rien de mal, si ? Je paraissais louche, j'étais dans une salle remplie de livres, à regarder la vue. Peut être qu'un jour, j'irais le voir.

Mon PHS sonna. C'était mon rendez-vous quotidien avec le destin. J'avais télécharger une application d'horoscope. J'avais l'impression que j'avais un lien avec tout ça. D'ailleurs, Gémeaux, c'était peut être inspiré de ça ? Bref, aujourd'hui, mon signe astral me disait que c'était le jour de faire des rencontres. La suite était toute trouvée. Je descendais les marches qui me séparaient du jeune homme au chapeau.

- Dommage qu'il n'y ait pas de système de prêt, hein ?

Cela lui éviterait peut être de devoir consulter les ouvrages sur place, après tout.  

Oh c'était dommage qu'il le prenne comme ça. Clairement, je le dérangeais, et ce, depuis plus longtemps que mes premières syllabes. Certes, mon PHS avait émis un bip sonore, je l'admets.

Une telle entrée en matière aurait dû me faire tourner les talons et passer mon chemin, un peu comme si on débutait un livre sans certitude et que le prologue semblait déjà présager d'un livre à l'écriture très moyenne et gonflante. Mais non, je n'étais pas de ce genre là. Peut être était-ce dans mon trait de caractère. Je crois même l'avoir lu dans mon thème astral. J'étais assez tenace quand il s'agissait de ne pas me faire rembarrer par les gens. Même s'il fallait user de la force. Ce que je ne ferais pas en plein milieu de ces lieux, bien entendu. Mais il l'avait cherché.

- Comme quoi, la vie est rempli de tant de choses rédhibitoires pour tout un chacun. Imaginez que quelqu'un passe souvent ses heures de travail rémunéré à venir flâner le nez dans des livres plutôt que de travailler. Cela peut être très inconvenant pour un responsable d'équipe ou un gestionnaire de paie.

Je touchai le dossier d'une chaise qui n'avait pas été rangé et dont le dossier était dos à la table de lecture. Puis, de la remettre dans le bon sens pour la ranger dans le bon sens.

- On peut voir la vie comme ça, se concentrer sur les défauts de ce monde. Ou trouver des parades et remettre les choses dans le bon sens malgré certaines concessions. C'est dommage.

Je pris un livre qui traînait pour le remettre à sa place. Les gens qui utilisaient les lieux ne faisaient vraiment pas attention, mais moi, je m'en formalisais pas.

- Si les livres traînent de la sorte, c'est fâcheux. C'est souvent moi qui repasse derrière les gens, et parfois de m'occuper de lister les livres manquants ou perdus. Je pourrais vous permettre d'en emprunter, vous qui semblez soigneux envers les reliures. Mais bon, navré de vous avoir importuner.

Je repartais donc vers mon escalier avec le livre orphelin dans les mains. La perche que j'avais tendue devrait le faire se manifester. Ou du moins, devrais. Sinon tant pis, c'est qu'il n'était pas si intéressant ce jeune homme après tout...