Les bas-fonds ne sont pas toujours synonymes de pauvreté ou de délinquance, même si souvent ses critères sont souvent lié l’un à l’autre, mais plutôt de main d’œuvre remplaçable. En arrivant à Midgar, Feng l’avait bien compris, et là où c’était déjà présent ailleurs, cette règle était d’autant plus présente à Midgar là où les écarts entre les riches et les pauvres étaient flagrants. Ses premiers boulots étaient avant tout de livrer des messages et des colis d’un point A à un point B dont il fallait mieux éviter d’en connaître le contenu. L’asiatique l’avait très bien compris, et pourtant elle n’avait jamais jugé ce qui était bien ou mal. Elle était ici pour retrouver son frère, et fréquenté la pègre était une manière comme une autre d’y parvenir, pour commencer à lier des contacts, même chez des individus qu’elle préférait éviter en temps normal, et surtout ne rien leur devoir. Le milieu du mercenariat, même si elle ne le fréquentait pas les premiers mois, il lui arrivait de faire passer des messages. Au fond, quand elle a commencé véritablement sa carrière de mercenaires, elle savait déjà sur quels pieds danser, puisqu’il ne s’agissait pas que de montrer les dents dès que l’on commençait à sous-entendre qu’une pisseuse n’avait pas sa place auprès de vieux briscards… Montrer trop vite les dents revenaient à finir avec le crâne fracturé dans un trottoir après tout… dans le meilleur des cas !


Si Feng ne savait pas véritablement où sa carrière commençait, elle savait que son pseudonyme avait été cité la première fois par le barman du Silver Bullet après quelques services de haute volé, plus particulièrement celui de voler un colis d’un de ses « confrères coursiers ».  C’est ici qu’elle avait rencontré son premier patron, ce Kyler, qui avait besoin d’une intermédiaire pour l’aider pénétrer le réseau d’un entrepôt… même si cette rencontre fut à la fois la plus unique puisque c’était par communication qu’elle l’avait dans une salle clos. Un « cas » selon Curtis, le propriétaire et barman de ce bar. La suite fut un succès, ce qui donna à Feng la réputation de savoir faire autre chose que ce foutu boulot de « facteur », dont les chances de disparaître ne sont pas proportionnelles à la paie. Depuis, à chaque fois qu’elle est contactée, Feng a gardé cette habitude à fréquenté le Silver Bullet.

Et aujourd’hui, elle a un rendez-vous avec un employeur dont elle n’a jamais entendu parler. La fiabilité dans ce milieu, c’était un peu la surprise car après n’était-ce pas le but de passer par le mercenariat pour faire le sale boulot ? Une main d’œuvre remplaçable, dont il est souvent difficile de remonter jusqu’à l’employeur si les choses tournent mal ? Vixen ne faisait pas exception à la règle. La jeune mercenaire s’était dirigée au bar un peu plus tôt, pour être toujours un peu à l’avance et aussi pour écouter les ragots. Ne sait-on jamais, peu être un ragot lié à son frère, même si elle ne se faisait pas d’illusion et ne ferait pas une erreur d’entreprendre une action qui le ferait remarquer d’une quelconque manière. Vu l’ambiance, un peu les mêmes gueules sales et vu la localisation du bar, en sous-sol, elles n’avaient même pas besoin de se cacher. Même à l’une des tables un peu à part, où ça semblait parler affaire, la présence d’un revolver partiellement caché par une tonne de fumée de mauvais tabac en disait long sur l’ambiance des environs. Même si une partie de la clientèle devait avoir un dossier juridique quelques parts dans les serveurs de la ShinRa, Feng ne pouvait pas reprocher une chose avec un tel lieu contrairement au bar moyen des secteurs inférieurs : l’absence de boulets voulant réclamer son 06. Comme ici, même les plus innocents savent utiliser une arme, ça fait réfléchir deux fois. Et surtout le boulet moyen en question, se comporter ici était un coup à finir à nourrir les chiens ou, s’il est en bonne santé, à finir en petits bouts sur le marché aux organes pour sauver autrui.

Un coude posé sur le comptoir, la jeune brune soupira un coup après avoir vu une liasse de crédits changé de main à l’une des tables, revenant à son verre de bière partiellement vide.

« Si c’est les informations dont tu m’as demandé, tu connais ma réponse. Si j’avais entendu quoique ce soit, je t’aurais moi-même contacté. »

Curtis, un homme d’une quarantaine d’années, parlait de son frère. Même si elle est restée flou sur les liens du sang, cherché un type qui a passé sa jeunesse à infiltrer n’importe quelle société revenait à chercher une aiguille dans une meule de foin. Sauf qu’à force, Feng a commencé à désespérer à chercher à un tel point qu’elle désespérait tout autant à poser cette éternelle question. Et surtout, Feng était en cours de formation au sein du Kumiho, là où son frère avait déjà fini son test depuis des années. Un peu comme une novice face à un vétéran.

« Je sais, je sais… Juste que je déprime à te poser la question alors que je connais ta réponse. »
« Je te conseillerais de chercher ailleurs alors. »

Elle haussa les épaules, signe qu’elle n’avait pas attendu son conseil pour le faire. La pègre ça ne donnait rien non plus. Elle qui croyait que cette recherche n’était question de semaines… Quelle naïve elle faisait ! S’il lui fallait de l’argent, c’était pour une raison. Tout se paie à Midgar, et les informations n’en font pas exception ! Elle joua à remuer ce qui restait de son verre, sans le décoller, le tout avec un petit sourire.

« C’est surtout que m’être pointée ici plus tôt n’aide pas pour l’attente. Et ce n’est pas ta bière qui m’aide beaucoup. »

Le barman lâcha un petit rire nerveux. A quoi bon se vexer ? Inutile de se leurrer mais oui, sa bière était dégueulasse. En même temps, plus elle était dégueulasse, moins ça se voyait quand il la coupait à l’eau. Essuyant son verre, il ira s’occuper d’autres clients. Quant à Feng venait de regarder une dernière fois sa messagerie personnel, avant de changer de puce à son communicateur. Autant ne pas mélangé le personnel et le professionnel, dans ce métier c’est une règle d’or. Ce n'est pas pour rien que beaucoup la connaisse sous le nom de Vixen ici.

L’ambiance pouvait s’apparenter à quelques choses de proche de morose, de toute façon il n’y avait que les romans et les films d’aventure où les auberges et bars à aventuriers, où elle était joyeuse. Après tout, l’innocent des beaux quartiers ne verra que le blanc ou le noir, pas le gris qui n’avait pas connu la lessive depuis des années. De toute façon, les bas quartiers, c’était connu : ils ne payaient pas la redevance et pirate le câble et n’avaient donc pas leurs mots à dire. Feng ne faisant pas exception à la règle et elle n’avait pas trop le choix. Quand on voyait la qualité des journaux d’informations qui répétaient en boucle ce que désirait la ShinRa, bizarrement elle pouvait opter pour le bon vieux nanard le peu de fois qu’elle allumait la télé chez elle.

Le nouvel arrivant, ce blond, elle n’y prêta pas plus attention que cela lorsqu’il rentra dans le Silver Bullet. Un client comme un autre, si ce n’était qu’elle ne l’avait jamais vu auparavant. Comme la brune ne connaissait pas tous les clients, autant dire que sa réflexion ne fut guère plus grande que celle de l’encéphalogramme d’une grenouille. Elle en retourna à son verre… C’est vrai que pour commander quelques choses de buvable, ce n’était pas bête de demander d’abord quelques choses de buvable avant de coltiner une bière. Après, elle évitait les choses de trop forte pour ne serait-ce pas rouler sous la table : à croire que c’était les gênes asiatiques de Wutei qui ressortait pour ne pas supporter les alcools trop forts…

Se fut sous cette pensée que le blond l’aborda, sur un qui propos assez classique dans ce milieu. Comme les employeurs peuvent ressembler à tout et à rien, que pour certaines personnes ne croirait qu’ils avaient déjà mis les pieds dans un bouiboui à mercenaire, la question n’avait rien d’anormal. Se fut l’occasion de se retourner vers ce qui semblait être un guerrier dans la force de l’âge pour pouvoir se trimbaler avec une épée qui faisait la moitié du poids de Feng. D’un geste, elle tapota son communicateur pour regarder une nouvelle fois l’heure, plus par réflexe alors qu’elle venait de le faire quelques minutes auparavant. Elle lâcha un petit sourire devant la question.

« Non, ce n’est pas moi, mais il ne devrait plus trop tarder. C’est vrai que c’est moins simple de reconnaître un employeur qu’au Pôle Emploi qu’ici. »

Suivi d’un petit silence. Ce n’était pas toujours facile d’engager une conversation dans ce milieu, où les relations sociales commençaient seulement à se lier seulement au bout de quelques missions avec le même groupe. Autant pour le poutrage de créatures, ça ne posait pas problème, autant dans le milieu des magouilles que fréquentaient habituellement Feng, ça l’était un peu plus. Et à bien y réfléchir, si on l’avait aiguillé vers elle, les chances qu’un mercenaire plus âgé, et surtout plus crédible qu’une gamine, puisse lui voler son contrat sont minime. Son domaine ça restait l’infiltration et une grosse épée, il y avait plus discret. Autant lâcher quelques brides d’informations, ce type n’a pas l’air d’être là pour lui faucher son contrat.

« Je suis Vixen, mon domaine est l’infiltration et la récupération d’informations souvent délicates. Je ne sais pas trop ce que je vais rencontrer ce soir, mais j’ai souvent à faire à des pingouins d’une quelconque entreprise. »

Une façon comme une autre de parler que son truc, ça restait l’espionnage industrielle, vol de brevet ou autres, et comme un mercenaire restait une denrée remplaçable, pas étonnant que l’on fasse appel à ce genre de mercenariat assez particulier et pas toujours courant. Et surtout pour Vixen, un pingouin reste un pingouin, peu importe de quelle manière un bureaucrate ou un gratte-papier s’habille. Non pas que ça soit personnel mais tant que ça payait et comme ses types avaient une logique de comptable.

« Ou quelques choses de ce genre… enfin je verrais bien l’énergumène. C’est quoi ton truc à toi ? A voir l’épée que tu as, j’hésite entre la dératisation de certains secteurs ou le service marketing pour ne pas que l’on approche de tes clients. »

Pas attendre après le boulot ? Avec ses mots, Feng avait dorénavant un doute sur les boulots que devaient pratiquer le blond, le cataloguant dans la « dératisation ». A croire qu’elle avait le flair après avoir vu son épée. Si seulement elle pouvait l’avoir tout autant pour son frère, elle aurait déjà quitté Midgar. Après, ce n’était pas comme si elle était pressée non plus de quitter cette liberté mais plus le temps passait, plus Jiang approchait d’un but pourtant inaccessible aux premiers abords. Sacré dilemme.

« Au moins, tu ne t’emmerdes pas à prendre des gants avec les employeurs. »

Ses mots, la jeune les murmura plutôt que de réellement les articuler. Et même s’il pouvait réellement les entendre, ce n’était pas dit qu’il en comprendrait réellement le sens. Ses employeurs à elle, ils payaient peu être plus, mais ils étaient souvent plus exigeants qu’un simple nettoyage de monstres. Et surtout, qu’est ce que certains étaient un ramassis de connards et le faisait comprendre !

Puis vint la remarque sur son âge, et surtout la raison pourquoi elle traine un bouiboui assez peu fréquentable pour une gamine. Tant que la question restait dans la logique, Feng serait une idiote de se vexer pour si peu. Elle se contenta de tourner le doigt autour sur le haut de son verre. Pourquoi ici ? Certainement pas pour l’alcool.

« Comme c’est ici que l’on m’a proposé la première fois un « job convenable », je me suis permise de demander une carte de fidélité. »

A voir la tête du dénommé Curtis derrière son bar, elle n’avait rien demandé du tout. Un peu comme les trois quarts de la clientèle en fait. Comme la maison ne faisait pas crédits et qu’il prenait sa part de commission sur certaines affaires, la situation l’arrangeait. Feng finit son verre déjà bien entamé avant de le reposer, n’en réclamant pas plus pour le moment, la miss aimant avoir les idées claires avant la moindre rencontre avec ses clients.

« Le barman l’a dit lui-même, en ce moment la mode est de chercher quelqu’un. Bosser pour des mafieux ne m’a mené nulle part, alors je teste ici. Et entre nous, c’est mieux payé que de jouer les coursiers et pas plus dangereux contrairement à ce que l’on peut croire. »

Ici, il y avait la mission qui pouvait mal tourner, là où jouer les facteurs avec un colis dont il valait mieux ignorer le contenu pour des types qui pouvait être un poil paranoïaque était tout autant dangereux. Juste que les paranoïaques, on ne savait jamais comment ils réagissaient à l’avance. A cette époque, Feng préféra même penser qu'elle ne transportait par moment que de la drogue pour garder la conscience tranquille... Et pourtant la miss est assez futé pour savoir que de la drogue en dessous du zéro Celsius, il y avait peu de chance que ça en soit. Parfois, l'ignorant est le plus heureux des hommes !

Du côté de Curtis, l’une des serveuses viendra lui murmurer quelques choses à l’oreille, quelques choses que Feng n’arriva ni à entendre, ni à comprendre pour la simple raison qu’elle n’arrivera pas à lire sur les lèvres à ce moment-là. Elle n’aura qu’un simple hochement de tête de sa part avant qu’elle ne reprenne son service.

Feng écouta sans trop prêté attention à ce que le blond raconta. A part les ragots de quartiers, tout le monde ici restait un minimum discret sur sa vie privée. Certains ici, préféraient même utiliser un pseudonyme de mercenaires que sa véritable identité pour éviter que des affaires un peu louches leurs retombent plus tard sur le dos. Son cas à elle était un peu à part. Même si ce n’était pas bien difficile de remonter jusqu’à elle, moins elle se faisait remarquer dans le civil, moins on faisait un rapprochement à Wutai, et surtout la raison de sa présence à Midgar. Chercher son frère était une chose, rester discrète quand on était affilié à une organisation réputée pour avoir assassiner des officiers lors de la dernière guerre en était une autre, un tel point qu’elle devait surveiller les informations qu’elle donnait sur Juang sous peine que l’on fasse le rapprochement tôt ou tard avec sa véritable identité. Obligée de jouer sur deux tableaux en même temps…

Par contre, le nouveau ici, c’était à se demander si c’était le mercenaire blond ou le serveur car il y avait une règle que tout le monde respectait (ou essayait de le faire), celui comme quoi le passé de chacun ne regardait personne et où seule la fiabilité d’un individu intéressait les collègues. La remarque ne passa malgré tout pas dans l’oreille d’une sourde puisque Feng regretta un moment d’avoir à faire à un ancien du Soldat, pour le plus grand bonheur de Cloud. En tant qu’ancien membre, il n’avait plus aucune accréditation à la ShinRa, car Feng aurait été bien capable de le manipuler pour avoir accès aux dossiers d’une partie du personnel et ce peu importe les emmerdes qu’elle aurait pu lui apporter. Pas très morale, mais sa raison à Midgar primait sur le reste. Dommage… ou tant mieux selon le point de vue de l’individu.

Curtis de son côté, posa son verre en grognant devant la réaction de son employé. Ce genre de remarque, même si elle ne sortait pas de sa bouche, il en restait le principal responsable et en perdait même toutes crédibilités si il fermait les yeux devant cela. Les remarques volèrent en direction du serveur.

« Je me demande qui est le plus nouveau avec une telle remarque. Ici, le plus important est de savoir la fiabilité de chacun et de quoi il est capable, pas ce qu’il a pu faire avant de finir ici. Tu regarderais le monde différemment si tu savais l’identité de certains employeurs... »

Autant avec Feng, il savait que cette morveuse ne prendrait pas note de la remarque de son employé, autant avec le blond, sa réaction aurait pu être plus violente. Mais ce genre de remarque pouvait très bien dégénérer rapidement. Il soupira, posant son verre, vu qu’il était d’employeur…

« En parlant de votre patron de la soirée, on vient de me dire qu’il est arrivé. C’est la pièce VIP numéro 3. »

Il montra d’un geste de la tête la direction où elle était. Le genre d’alcôve VIP à part pour parler discrètement à un tel point que Feng savait ce genre de pièces insonorisées. Celui-ci possédait un confort classique, avec quelques fauteuils sombre et pourtant en bon état, une petite table basse pour des apéritifs. Vixen de son côté entra, jetant un œil à non pas un individu, mais plutôt à deux. Une femme d’une vingtaine d’années y était assise, au style légèrement gothique mais suffisamment bien habillé pour laisser sous-entendre qu’elle appartenait à un quartier riche de la ville supérieure. Si le trentenaire présent possédait une certaine classe, le fait qu’il soit toujours debout et lâcha une taffe d’un cigare, fit assez vite comprendre à Feng qu’il s’agissait certainement d’un des gardes rapprochés et qu’il était pour surveiller la discussion de sa demoiselle. Si le regard de la miss fut quelques peu hautain en les voyant rentrer, la mercenaire venait de comprendre qu’ici, le plus expérimenté était le brun puisque son regard tentait de juger les capacités de chacun au premier regard. Juger un peu comme Feng le faisait en ce moment même.

Erika:

Stephen:

« Mademoiselle, monsieur. »

Pas besoin de plus de salutation, puisque elle s’assit sans même que l'on lui dise.

« Je vais vous épargner le discours habituel, mais ce qui sera dit ici n’a pas sortir d’ici. Mais ce Curtis m’a fait comprendre que c’était la moindre des choses de dire au moins la raison de la mission avant de vous en dire plus. Il parait que certains en bas ont des principes… Si je dis « emprunter sans accord » je ne vais quand même pas faire tourner de l’œil pour si peu ? »

Encore ce genre de femme qui prenait de haut autrui et qui évite d’appeler un chat « un chat » en employant le terme « vol » pourtant si simple à comprendre. De toute manière, Feng était spécialisée dans ce genre de tâches à un tel point qu’elle ne s’en offusqua aucunement, et surtout cette blonde ne serait pas là si elle avait besoin d’une simple « pickpocket » ou d’un gros bras pour voler le portefeuille de son voisin.

La lolita blonde lâcha un sourire de satisfaction avant de se vautrer un peu plus dans le sofa, là où son acolyte resta de marbre devant la situation.

« A défaut d’aimer ce qui est court, je préfère quand c’est clair. Et cette réponse en fait partie. »

Feng avait beau ne pas avoir fait de grandes études en psychologie féminine, mais ici elle avait devant elle le parfait individu qui aimait jouer sur la provocation, celle-ci rentrant dans la catégorie graveleuse. Quant on voit comment elle était fringuée alors qu’elle jouait sur la discrétion, arriver à cette conclusion ne fut pas compliquée.

« J’aimerais récupérer un tableau acheté récemment par un collectionneur de Junon, une œuvre du nom de la Lys d’or, œuvre dont j’estime qu’elle me revient de droit. Comme la transaction a eu lieu récemment, je sais que cette peinture se trouve encore en ville, certainement stocké dans les entrepôts de la gare du secteur 7 pour un futur départ en direction de Junon. J’aimerais que vous me la récupériez avant qu’elle n’arrive à destination où il serait plus difficile de la récupéré, en particulier dans une collection privée où elle ne serait pas exposée, disons, à sa juste valeur. Je vous paie 1500 gils pour que vous me rapportiez cette toile. »

Pas de nom de l’acheteur, ça ne regardait pas des mercenaires. De toute façon, ils sont ignares… et tant que ça ne modifiait pas les clauses du contrat ou le compliquait inutilement, ce genre d’informations ne les regardaient pas. Bien sûr, il y avait des questions à poser, mais ce qui ne les regardaient pas, c’était à eux de creuser pour le découvrir, sinon autant prendre une bande d’incapable pour moitié prix. La photo de l’œuvre finit sur la table, où elle glissa vers les deux mercenaires.

Du côté de Feng, que cette femme n’ait pas cité le numéro du container ne la surpris qu’à moitié : elle aurait embauché des brutes pour moins que cela si elle le connaissait. Le prix est dans la moyenne, on ne lui demandait pas d’infiltrer un bâtiment administratif, même si la gare appartenait à la ShinRa, comme les trois quarts de la ville soi-disant en passant. Il y avait juste un détail qui la gênait malgré tout, tapotant nerveusement sur la table là où en temps normal, elle l’aurait fait sur son téléphone pour vérifier une dernière petite chose.

« Et votre « Lys d’or », elle a été côté combien ? »

Elle avait le droit de poser des questions, même sur des sujets qui ne la regardait pas car dans le pire des cas, Feng pouvait tout au plus se faire envoyer promener avec la menace que ce contrat lui passe sous le nez. Sauf qu’ici, ça concernait le montant du contrat, et surtout savoir combien une œuvre est côté pouvait très facilement se vérifier : il y a des sites pour ça, même si celle là à dû s’acheter sous le manteau. La réponse fut un rire nerveux, car oui, si la blonde restait hautaine, elle n’en restait pas moins pas idiote pour autant.

« Qu’elle est mignonne cette petite… »

Pour quelqu’un qui devait avoir quelques années de plus que Feng, on pouvait dire que c’était l’hôpital qui se fout de la charité, mais il n’en restait pas moins qu’elle avait mis le doigt sur un détail qui avait son importance.

« Si vous nous demandez de voler un bien, il est naturel que sa valeur avoisine le contrat… Voyez ça comme un gage de confiance, pour éviter qu’il ne finisse sur le marché noir car il a mal été évaluer. A sa juste valeur. »

Si beaucoup de mercenaires ne discutaient pas, il a fallu qu’elle tombe sur une morveuse qui posait les bonnes questions. L’envi de l’envoyer promener ne manquait pas, mais elle marquait un point et…

« Il a été adjugé à 2200 gils lors de sa mise aux enchères. On vous propose 2000 gils pour ce contrat, je doute que vous en tireriez plus si vous remettez cette œuvre sur le marché. Sans parler des problèmes et de votre réputation qui en prendrait un coup. »

Il l'a pris de vitesse, mais Feng venait surtout de comprendre qu'il ne voulait pas que sa patronne soit prise au dépourvu. Et surtout ici, c'était celui qui la connaissait mieux. Le rire de bécasse qu'avait faite celle-ci juste avant faisait parti de ses moments où elle était prise au dépourvu ? Intéressant... Mais il venait lui aussi de cracher des informations, pour une fois qu'il tombait sur des individus qui posaient des questions qui ne rentraient pas dans la catégorie stupides ou inutiles.

Si le tableau a passé sous le nez de cette donzelle, Feng aura surtout compris que ce n’était pas dû à une somme d’argent qu’elle ne pouvait pas mettre lors de la transaction. Certainement qu’elle a dû avoir un empêchement ou autre mais… est ce que cela la regardait réellement ? Pas vraiment. La réponse de ce garde du corps contenta Feng, tout comme le prix. 1000 gils chacun pour un casse à la gare, où le plus compliqué serait de fouiller les archives de la gare lui paraissait honnête. Mais elle n’était pas seule à décider, son regard se portant vers son partenaire. Peu être que lui aussi à des questions à poser.

Feng aimait savoir où chercher, car pour un vol de ce genre, il ne suffisait pas de suivre les panneaux pour savoir où trouver l’objet de ses désirs. Il valait mieux quelqu’un de bien averti que mal renseigner, car la mercenaire n’avait aucune envi d’affronter toute la sécurité une fois l’alerte donnée si ce n’était encastrer un ou deux gardes dans le mur et leur offrir un séjour à l’hôpital. Se rater revenait à finir au trou et pour une histoire de tableau, elle trouverait cela ridicule. Mais elle avait négocié le prix, elle était satisfaite et quant à savoir de quelle manière elle allait obtenir l’emplacement précis du tableau ne regardait plus qu’elle et son nouveau collègue. N’était-ce pas pour cela qu’ils étaient payés aussi gracieusement pour un job qui prendrait moins de 48 heures à faire ?

A la demande de l’avance, la lolita semblait être un peu plus à l’aise, certainement que cette conversation elle l’avait eu auparavant avec son majordome. Avant d’ouvrir elle regarda à tour de rôle l’asiatique et le blond, juste le temps de faire un rapide calcul mental. Deux cents chacun ? Une avance de vingt pour cent sur le contrat, c’était dans les normes dans ce milieu. Elle fouilla dans sa poche pour sortir les 400 gils sur la table. Sans demander son reste, Feng prit sa part. Elle en avait oublier qu’elle pouvait en effet demander une avance pour certains jobs pas très légaux.

« Inutile d’argumenter, la demande me semble raisonnable. »

Il n’y avait plus d’autres questions, la blonde se vautra une nouvelle fois dans son siège, prenant enfin ce verre qu’elle n’avait toujours pas touché. La dernière chose que Feng nota, fut qu’elle ne grimaça même pas au goût de ce vin, comme quoi le propriétaire du bar gardait quelques bouteilles de qualité sous le bar pour des clients qui en avait les moyens.

Dehors de la pièce, le mercenaire posa l’éternel question pour savoir si de son côté, tout était prêt. Feng était toujours prête, un fait que peu de monde pouvait nier, et les seuls moments où on lui reprochait de ne pas l’être, c’était lors d’un manque de renseignements. Ici, elle ne pouvait pas en avoir davantage, sauf sur le terrain.

« J’ai déjà ce qu’il faut. La seule chose qui pourrait me manquer se trouve dans les archives à la gare, je n’ai pas envie de passer la soirée à ouvrir le bon container. »

Pour y avoir mis quelques fois les pieds, elle savait où ses archives se trouvaient. Pas besoin de travailler dans l’import/export pour avoir ce genre d’informations, ce secret bien gardé figurait sur n’importe quel plan des lieux. Ce n’était pas comme si le duo allait visiter un baraquement de la ShinRa.

Le trajet jusqu’à la gare fut… silencieux ? Son partenaire dont elle ne savait même pas le nom, s’étant présenté comme « nouveau » n’avait aucun sens de la discussion, même pour un milieu où le partenariat se limitait à professionnel. Non pas que ça dérangeait Feng, elle n’était pas là pour une soirée resto, mais en tant qu’elle aussi, nouvelle, les quelques fois où elle travaillait en binôme il y avait quelques échanges. Le minimum dirions-nous. Après, la spécialité n’était la même, pour atteindre certains de ses objectifs il lui fallait par moment plus de bagout que de réelles compétences martiales.

La gare, à cette heure-ci, n’était pas ce que l’on pouvait appeler très fréquenté. Et très fréquentable non plus : un passager lambda n’avait rien à faire près des wagons de marchandises. A voir le garde en tenue de la ShinRa discuter à l’entrée, à se réchauffer les mains comme il le pouvait, le niveau de vigilance restait assez minimal tant qu’il n’y avait aucune raison de le monter. Juste de quoi dissuader des gamins de rue d’aller piocher dans un wagon alimentaire. Feng ne s’occupa pas plus d’eux que ça, préférant se diriger vers un terrain vague, où la séparation entre cette propriété privée de la ShinRa et ce terrain qui ne verra jamais de construction se faisait à l’aide d’un grillage barbelé. A voir les quelques caisses et quelques bâches dans les environs, Feng ne mit pas longtemps a repéré du barbelé un peu couché, signe que les gamins de rue en question passaient souvent par cet endroit.

Juste le temps de mettre la bâche sur le barbelé qu’elle sortit une écharpe pour se couvrir le bas du visage. Autant éviter de se faire inutilement ficher.

« Ici, ça devrait faire l’affaire. »

Plutôt souple la miss, puisqu’elle ne monta pas sur les caisses, mais plutôt courra, avant de bondir de l’autre côté en mettant les mains sur la bâche. Aucun autre morceau de sa peau ne le toucha, signe d’un passé à faire du parkour et à jouer les factrices pour des clients encore plus louches que celui d’aujourd’hui. De l’autre côté, personne, il n’y avait pas grand-chose à surveiller si ce n’était des wagons rouillés. Malgré tout, le bâtiment administratif était visible, faiblement éclairé avec quelques lampadaires. Aucun souci jusque-là, si ce n’était que deux gardes en train de discuter avec un homme en tenue d’homme de chantier, visiblement en pleine pause clope à les voir fumer comme des pompiers. En temps normal, Feng les ignoré, ou aurait pris son mal en patience si elle n’avait pas repéré à la ceinture d’un des gardes une laisse, avec rien au bout. Depuis quand ce personnel avait des chiens ? Ils n’étaient pas de sorti, mais ça ne serait tardé.

« Depuis quand ils ont investi dans des chiens ici ? »

Feng soupira, jamais elle ne nierait qu’il n’y avait pas plus agaçant que des foutus clébards : ça grognait et aboyait pour un rien.

« Je ne sais pas ce que tu en penses, mais je les préfère aux chenils qu’au bout de la laisse. Je ne tiens pas à être gêné pendant que je fouille dans de la paperasse. »

Les propositions lui convenaient autant l’une que l’autre, avec chacune leurs petits défauts. Les éviter étaient faisable mais Feng ignorait combien de temps elle mettrait à trouver le numéro du bon wagon en fouillant dans les archives : la miss avait beau être un peu trop moderne et à jour pour une famille traditionnalistes, fouiller les archives informatisées après avoir cracker un code était hors de sa portée. Si la ShinRa était comme tout le monde, avait besoin de mercenaires au rabais pour jouer les dératiseurs pour une sombre histoire de comptabilité, si elle pouvait éviter d’alerter toute la gare, elle n’en serait que gagnante. Le second plan de foncer dans le tas en revanche ne semblait pas une si mauvaise idée puisqu’elle avait l’air d’avoir un partenaire n’ayant pas froid aux yeux. Tant mieux dans un sens car la seule chose qui la faisait grincer des dents, c’était les dommages collatéraux… ironique n’est ce pas pour quelqu’un qui appartenait au Kumiho, qu’elle le veuille ou non ?

« Je déteste assez la paperasse administrative en temps normal, ce n’est pas pour que l’on vienne me faire chier en plus de ça… Je ne sais pas comment tu fonctionnes en temps normal mais si on pouvait éviter les morts inutiles. »

Elle n’avait pas parler dans quel état il allait se retrouver, ni combien de jours ou semaines de convalescence ils allaient se retrouver. Elle ne portait peut-être la ShinRa dans son cœur, mais elle n’avait aucun grief personnel contre eux. Feng vérifia que son bandeau était bien remonté à son nez, pour compliquer les identifications quand les survivants de ce casse allait se réveiller à l’hopital dans un piteux état.

« Je prends celui de gauche. »

Et le civil dans cette histoire ? Parce que oui, ça avait beau n’être qu’un simple civil, ça pouvait brailler aussi qu’un clébard pouvait gueuler, surtout quand ça estimait sa vie en danger. Si elle sauta, le saut fut surtout amorti par le crâne de ce malheureux civil : lui il n’aboiera plus si jamais il était témoin, et risquait de se réveiller avec une fracture du crâne et un nez cassé vu que le visage cogna le béton du quai. Trop molle ? Le pire, l'asiatique savait qu'elle n'en aurait même pas le remerciement de lui avoir épargner la vie ! Le premier garde quant à lui, eut à peine le temps d’avoir sa cigarette lui échapper du bec devant cette scène, avant de se retrouver une belle lardasse au torse au katana, le touchant aussi en partie à la cuisse, ce qui le fit plier du genou sous la douleur et la surprise. C’est bien de se mettre à genou, il avait pile poil la hauteur pour se manger la garde du sabre au menton et le sonner. Perdre quelques dents, c’était toujours mieux que de perdre la vie non ? Après, quand à savoir si la ShinRa proposait une assurance à ses employés, cette histoire ne regardait pas trop Feng.