Voilà quelques temps que l'ex-étudiante en génétique s'était vue attribuer un poste dans les prestigieux bâtiments de la Shinra. Tous les jours, la jeune femme fraîchement diplômée se réveillait et allait travailler dans un laboratoire quasi flambant neuf. C'était un délice de travailler avec du matériel de qualité, pas abîmé par une multitude d'étudiant mal-habile. Mais surtout elle était seule avec ses dossiers et elle avait enfin réussi à s'éloigner de ce vieux fou d'Hojo. Un homme particulièrement détestable bien que génial, sur un plan intellectuel les deux scientifiques avaient de nombreux point commun hélas leurs humeurs respectives étaient incompatibles. Le vieux sage ne laissait que peu de place à la créativité de la jeunesse. Et ça, la sorcière ne pouvait l'accepter.

De ce fait, les deux scientifiques travaillaient sur des dossiers bien différent. Si Hojo cherchait la Terre Promise via les cétras, Ultimécia préférait continuer sur sa lancé et donc enquêter sur les manières d'augmenter la capacité des humains via la Mako. Des idéaux bien différents.
Cela n'empêchait pas la jeune femme de prendre plaisir à faire son travail. Son projet ne comportait pour l'instant pas beaucoup de bienfaiteur et donc peu de ressource et peu d'assistant de labo mais elle gardait espoir. Après tout, la scientifique n'avait pas encore pu prospecter pour présenter son projet et donc trouver des personnes que cela intéresserait. Et outre son travail de scientifique, elle cherchait également à améliorer davantage son propre corps en mettant au point diverse sérum.

Comme toute personne qui allait s'engager auprès de la première entreprise mondiale à fournir de l'énergie Mako sous forme d'électricité, Ultimécia n'échappa pas à l'enquête de sécurité. Il fallait bien que la Shinra connaisse son casier judiciaire et sache si elle ne faisait pas partie d'un groupuscule tel qu'Avalanche. La sorcière n'était pas inquiète, elle n'avait rien à cacher et si cela pouvait leur faire plaisir qu'ils se lancent donc dans une enquête complètement inutile.
Ce qui l'agaça davantage en revanche, c'était le mail qu'elle reçue un beau matin de la part du chef des Turks. Un entretien ? Un interrogatoire ? Qu'importe cela allait sans doute empiéter sur son travail et elle avait d'autres chats à fouetter.
Cependant, le mail indiquait bien le caractère obligatoire de cette entrevue.
Ultimécia ne voulait pas perdre encore plus de temps en essayant de l'éviter et allait faire ce qu'on lui demandait pour éviter tout problème. Après tout, elle venait enfin de réaliser son objectif professionnel elle n'allait pas le perdre juste pour un misérable entretien !

Le jour j, la chercheuse quitta son laboratoire peu avant l'heure du rendez-vous avec le Turks. La jeune femme quitta sa blouse blanche mais laissa ses cheveux attachés en chignon bien haut, elle ne portait donc ce jour-là qu'un pantalon rouge foncé et une chemise blanche avec ses chaussures noires. Une tenue qui se voulait un peu plus professionnelle que d'habitude. Après tout, quitte à avoir un entretien autant faire bonne impression, même si elle savait que les Turks n'étaient à la botte que du président...mais qui sait ?
Ultimécia avait pris la peine de se renseigner un peu sur les activités des Turks...une sous-branche de la Shinra, celle « non officielle », ils s'occupaient des sales affaires des pontes de l'entreprise, autrement dit, des gens de peu de foi. Mais les motivations de chacun n'intéressait pas la sorcière, bien au contraire, elle se moquait de ce qu'ils pouvaient faire et si c'était bien ou pas. En revanche, si elle arrivait à s'en faire un allié peut-être pourraient-ils lui rendre service. Elle avait brièvement croisé quelques-uns d'entre eux mais n'y avait pas porté plus d'attention qu'à une autre personne lambda. Tant qu'on ne l'embêtait pas, elle n'embêtait personne. Son laboratoire et ses recherches étaient réellement les seules choses qui pouvaient intéresser la jeune femme.

11h, elle quittait donc son labo. Elle prit le temps de bien tout ranger avant de partir, de fermer à clé ce qui devait l'être, de bien pendre sa blouse immaculée dans son casier et enfin d'éteindre les lumières. Un rituel qu'elle réalisait méticuleusement à chaque fois qu'elle quittait son laboratoire. La scientifique chouchoutait littéralement ses nouveaux jouets.
Elle prit l'ascenseur dont la stupide musique d'ambiance lui tapait sur le système, elle croisa alors d'autres employés en costume noir avec le logo de la Shinra sur la poche avant de la veste. Certains lui lancèrent un sourire auquel elle répondait avec un regard glacial qui calmait rapidement ses interlocuteurs. La sorcière était de mauvaise humeur...perdre du temps alors qu'elle avait du travail, ça la mettait hors d'elle.

Arrivée à l'étage indiqué, elle sortit enfin de ce maudit cube en plastique et s'élança dans les couloirs d'une démarche sûre et aisée. Elle semblait flotter tellement sa démarche était silencieuse, son chignon avait tendance à retomber légèrement alors que la gravité le poussait à s'effondrer à chaque pas qu'elle faisait, ses mains suivaient délicatement ses jambes alors qu'elle avançait de manière déterminée. Toutes personnes qui la voyaient auraient pu pensé qu'elle savait où elle allait et ce qu'elle faisait. Malgré son apparence maléfique d'aujourd'hui, la jeune femme dégageait un certain charme et une assurance rassurante mais ses yeux jaunâtres n'étaient pas sans rappeler ceux des animaux sauvages et semblaient assoiffés de sang. Une contradiction qui lui allait très bien et dont elle était parfaitement consciente.

Devant la porte du bureau concerné, elle observa la plaque : « Tseng ». C'était bien le soi-disant chef des Turks. Curieusement, avant d'entrer, elle fantasma sur le genre d'homme qu'elle allait croiser. La scientifique se laissa aller à quelques hypothèses, puis se ressaisit en tapant énergiquement sur la porte. Elle attendit qu'on l'autorise à entrer pour le faire puis elle se plaça à côté d'un des fauteuils de la pièce pour se présenter. La bienséance voulait que l'on attende que son hôte nous le propose pour s’asseoir.



Le ton de sa voix était froid et professionnel. La scientifique ne voulait pas être là et ça se voyait mais elle tenta de rester aimable face à son interlocuteur. Après tout le vexer ou l'irriter de l'aiderait pas à aller plus vite. Par soucis d'efficacité elle souhaitait donc en finir au plus tôt.  

Ultimécia s'était assise face au fameux Tseng. Costume noire, typique des Turks. Mais ce qui l'étonna davantage s'était la jeunesse qu'il arborait, elle s'attendait à un vieil homme un peu comme Hojo. Pouvait-on commander une section aussi importante si jeune? Si c'était le cas, ce garçon devait sortir son épingle du jeu, de part son intelligence ou sa force au combat. En examinant le sujet quelques secondes de plus, elle jugea qu'il devait s'agir de son intelligence. Il n'avait pas une condition physique exceptionnelle, pas d'arme particulière - du moins pas actuellement si c'était le cas.
La scientifique prit le temps de contempler son visage assez fin, des traits doux et peu effrayant, un point rouge sur le front dont elle ne connaissait pas la signification. Un homme assez quelconque de prime abord.

Elle le laissa poursuivre et mener l'entretien. L'épais dossier que le Turk avait devant lui été visiblement pour elle, encore de la paperasse...voilà à quoi servait les assistants.
En tout cas, il avait fais son travail, il avait enquêté un peu sur elle et savait au moins sur quoi elle travaillait. Pas dans les détails bien sûr car il n'était pas chercheur et qu'il n'avait sans doute pas envie de s'encombrer l'esprit avec ça.

Le brun restait placide, poli et imperturbable. Une stature qui imposait le respect, bien que cet entretien soit très pesant, la scientifique comptait bien se faire voir. Après tout, peut-être qu'un jour elle devra travailler avec eux non? La jeune femme esquissa un faible sourire lorsqu'il évoqua ses recherches et l'intérêt que la "Shinra" portait à celle-ci. L'entreprise n'y comprenait rien, c'est juste que si elle découvrait quelque chose il valait mieux que ce ne soit pas dans un pays ennemi. C'est son ambition et sa haine pour le professeur Hojo qui l'avaient poussé à rester dans l'entreprise. Car oui, Ultimécia voulait concurrencer le plus grand des chercheurs et surtout lui montrer qu'il n'était pas l'être supérieur qu'il pensait être.

La sorcière écouta le brun jusqu'à la fin, esquissant de temps à autre un sourire ou en hochant la tête pour montrer qu'elle l'écoutait. Il finit par lui demander si elle avait des questions...comme si elle n'était pas capable de comprendre ce qu'il sous-entendait. Légèrement vexée, Ultimécia fit non de la tête puis enchaîna en utilisant un ton aussi poli et calme que son interlocuteur.



Un petit sourire narquois se dessina sur ses lèvres. Elle le taquinait habilement pour essayer de le faire sortir de ses gongs ou bien pour voir ses véritables motivations. S'il était un Turks, il devait avoir peu de scrupule et pourtant sa posture était des plus honorables. Un paradoxe que la scientifique devait éclaircir...par curiosité, mais aussi pour savoir si un jour cet homme serait son allié ou pas.
Ultimécia ne pouvait pas se permettre de lui lancer directement : "Hey détrônons Hojo". Avec ce genre d'individu elle devait être plus méfiante. Après tout, elle ne savait pas où se plaçait la loyauté de son interlocuteur et à tout moment il était déjà un sous-fifre d'Hojo.



La sorcière prit un air plus humble et authentique. Sur ce dernier point elle n'avait pas menti. Fraîchement arrivé, elle n'avait aucun donateur et ne connaissait personne d'influent qui s'intéresserait à ses recherches. C'est pourquoi elle se contentait d'hypothèse et de chance en attendant. La scientifique avait démarchait déjà mais venant de commencer elle se devait de construire une hypothèse et un dossier solide.



De nouveau la jeune femme lança un regard défiant au Turk. Elle voulait savoir ce qu'il savait exactement, jusqu'où il avait cherché des informations et du coup s'il pensait avoir un moyen de pression sur elle.
Les Turks étaient malheureusement connu pour ça, espionnage, chantage, assassinat...les travaux de l'ombre. Et visiblement elle était face à celui qui organisait tout ça.



Ses prunelles jaunâtres scintillèrent d'une aura curieuse.